Algérie

Coronavirus, football et révolution



Bien sûr, il ne viendra à personne de lucide l'idée d'apprécier les choses ou d'entreprendre quoi que ce soit de collectif sans tenir compte de la situation exceptionnelle que connaît le pays depuis plus d'une année, maintenant. Les Algériens, quel que soit le niveau d'implication de chacun, vivent au rythme de l'insurrection populaire, ses derniers développements et ses palpitations au quotidien. Le soulèvement est d'une telle ampleur populaire que, désormais, même ceux qui sont hésitants, sceptiques ou même? contre, se sentent obligés d'en tenir compte, pour une raison ou pour une autre. La vie ne s'est pas arrêtée pour autant et pour cause, tout le monde vous dira, à juste titre d'ailleurs, que le Hirak est d'abord un hymne à? la vie. Sur le terrain, on a vu comment de braves citoyens, certainement sincères, ont été gentiment rappelés à l'ordre quand ils ont suggéré que désormais tout doit être « sacrifié » parce qu'il y a une seule priorité, comme si certains plaisirs, voire certaines activités de la vie ordinaire ne pouvaient pas aller de concert avec la révolte pour le changement. On a vu comment la majorité a réagi à ceux qui prétendaient que les Algériens ne pouvaient pas avoir la tête aux spectacles ou aux célébrations quand d'autres battaient le pavé ou sont en détention. On a vu comment les fêtes de fin d'année ont suscité le même engouement que par le passé. On a vu que les stades de foot n'ont pas désempli outre mesure. On a vu que les restos n'ont pas chômé. On a même vu que ceux, le pouvoir en tête, qui ont tablé sur des « événements » courants du calendrier ou de la nature pour affaiblir la mobilisation en ont eu pour leurs illusions. Depuis quelque temps, un autre fait est venu « enrichir » le débat en question, avec cette question, récurrente mais sans réponse lucide et apaisée : y a-t-il un danger de santé publique dans les grands rassemblements populaires que génèrent à chaque fois les manifestations de protestation ' En l'occurrence, on n'a eu malheureusement que des réponses « politiques », là où on attendait plutôt des éclairages scientifiques. Alors que le danger peut être confirmé, exclu ou relativisé, il n'y a pour le moment qu'une seule confrontation sur la question. Il y a, d'un côté, des Algériens engagés qui y voient une autre man?uvre et ils ne manquent pas d'arguments au vu de ce qui a précédé. Et de l'autre, ceux qui n'en ratent pas une pour espérer l'essoufflement. Les uns comme les autres ne peuvent pas fournir la réponse rassurante. Pourtant, il faut bien qu'elle vienne. Si le Hirak est un hymne à la vie, il ne peut pas être une bravade à la mort.S. L.


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