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COREE DU NORD Une succession dans la stabilité, préparée de longue date



La mort du dirigeant nord-coréen Kim Jong-il ouvre une période d'incertitude, mais les analystes écartent l'hypothèse de turbulences majeures pour le régime stalinien, qui préparait depuis deux ans l'intronisation de son fils cadet Kim Jong-un, officiellement confirmée hier.
L'annonce du décès de Kim survenu samedi installe Kim Jong-un, âgé de moins de 30 ans, à la tête de la République populaire démocratique de Corée (RPDC), l'unique dynastie communiste au monde. Et dans un pays à l'opacité rarement prise en défaut, qui plus est détenteur de l'arme nucléaire, elle soulève de multiples interrogations. Y compris en Chine, l'un de ses rares alliés avec la Russie, «très inquiète car elle souhaitait avant tout assister à une transition en douceur entre Kim Jong-il et Kim Jong-un», a estimé Stephanie Kleine-Ahlbrandt, une analyste de l'International Crisis Group basée à Pékin. «L'idée était que Kim Jong-il resterait présent pour deux années supplémentaires, ce qui lui aurait permis de mettre complètement en place les mécanismes nécessaires à la transition du pouvoir.» «Si l'organisation de la succession ne fonctionne pas, cela pourrait déboucher sur le chaos», a confirmé le professeur Joseph Cheng, de la Hong Kong City University. Une hypothèse que Pékin «veut assurément éviter» car elle «déstabiliserait la frontière» et provoquerait un afflux de réfugiés sur son territoire. Mais les experts sud-coréens estiment de leur côté que la succession, échafaudée par petites touches et accélérée après l'accident cérébral de Kim Jong-il en 2008, ne devrait pas entraîner de turbulences immédiates. Les médias officiels ont d'ores et déjà appelé à faire allégeance au nouveau leader d'un Etat partagé entre une nomenklatura privilégiée et des masses indigentes qui souffrent de la faim. L'agence officielle KCNA a ainsi exhorté «tous les membres du Parti (des travailleurs), les militaires et le peuple (...) à suivre fidèlement l'autorité du camarade Kim Jong-un». Ces déclarations témoignent que «Jong-un est déjà fermement aux manettes», selon Paik Hak-Soon, du Sejong Institute, un «think-tank» basé à Séoul. Les cadres nord-coréens, ajoute-t-il, «ont déjà tout arrangé et le régime semble stable (...). L'ère Kim Jong-un a déjà commencé». Pour Baek Seung-Joo, de l'Institut coréen d'analyses militaires, le Nord a parfaitement organisé la succession, avec la famille dans le rôle du cercle restreint. «Pendant quelque temps, l'armée et la famille de Kim vont s'efforcer de confirmer Kim Jong-un dans son rôle de leader et se rassembler autour de lui», estime- t-il. La sœur unique de Kim Jong-il, Kim Kyong-Hui, et son époux, Jang Song-Thaek, devraient jouer un rôle prééminent à ses côtés, secondés dans leur tâche par le chef de l'Etat-major interarmées Ri Yong-Ho, affirme le professeur Yang Moo-Jin, de l'université de Séoul. Quant à la politique étrangère, elle devrait elle aussi se garder de toute révolution, même si Pyongyang a procédé hier à un essai de tir de missile à courte portée. Le régime n'a aucun intérêt à rebattre les cartes alors que de nouvelles consultations directes entre Pyongyang et Washington laissent entrevoir une possible détente, après des années de tensions autour du programme nucléaire nord-coréen. Le jeune Kim, propulsé depuis quelques années à des postes politiques et militaires stratégiques, «ne devrait pas engager de changement de politique drastique tant qu'il s'emploiera à asseoir son autorité», observe Baek Seung-Joo, de l'Institut coréen d'analyses militaires. D'autant que le Nord est désireux d'apaiser son peuple, en proie aux plus grandes difficultés sociales et économiques, manquant de tout et en particulier d'aliments pour les enfants, à l'approche du centième anniversaire de la naissance de Kim Il-Sung, le fondateur de la RPDC et grand-père de Kim Jong-un. Samedi, jour annoncé de la mort de Kim, la presse sud-coréenne rapportait que la Corée du Nord avait accepté de suspendre son programme d'enrichissement d'uranium à des fins militaires, un préalable fixé par les Etats-Unis à la reprise de négociations sur le désarmement et l'aide alimentaire. Washington cherche à relancer les pourparlers à Six (Corées, Etats- Unis, Russie, Chine, Japon) sur la dénucléarisation du Nord, au point mort depuis décembre 2008. Les Nord-Coréens «se manifesteront sûrement pour reprendre les négociations avec les Etats-Unis à la fin du deuil», pronostique Baek Seung-Joo.


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