Algérie

Coquille vide Vu à la télé : les autres articles



Coquille vide                                    Vu à la télé : les autres articles
Belkhadem suite' Cette fois, il y a trop de coïncidences frappantes, en tout cas pas tout à fait innocentes, pour que le sujet soit encore considéré comme faisant partie de la simple anecdote politicienne. Le mouvement de contestation lancé par certains cercles pour déstabiliser le secrétaire général du FLN prend de plus en plus de relief et semble même bien coordonné pour atteindre son objectif. Certains diraient, toutefois avec prudence, que le compte à rebours pour Belkhadem aurait déjà commencé, si tant est que c'est la destitution de ce dernier de son piédestal frontiste qui est recherché et pas seulement par ses opposants internes qui veulent redresser un parti en pleine dérive, selon eux.
Lorsque, en tout état de cause, un membre de l'historique «Groupe des 22» qui a déclenché la guerre de Libération nationale ajoute son grain de sel, dans les circonstances présentes, et joint de nouveau sa voix à toutes celles qui se sont élevées pour exiger l'envoi du FLN au musée de l'histoire, on ne peut que mesurer la tonalité des attaques dirigées contre l'actuel responsable du vieux parti unique et des motivations politiques qui la sous-tendent. Mohamed Mechati, qui a donc pris le relais de Saïd Abadou, n'y est pas allé avec le dos de la cuillère pour planter sa banderille : «La mission du FLN historique s'est terminée en 1962, dit-il. L'exploitation politicienne de son sigle est une imposture et les responsables du FLN politique devraient être poursuivis en justice.»
L'ancien moudjahid n'en est pas, rappelons-le, à sa première intervention publique dans ce sens. En 1998, il exprimait avec la force de ses convictions, en effet, dans une contribution publiée dans El Watan, la nécessité de «libérer le FLN historique du FLN politique», organisation qui «s'est avérée, à ses yeux, pour le grand malheur du pays, Front de liquidation nationale». Rien que ça'
Lorsque, par ailleurs, toute une salle se vide ' du jamais vu' alors que Belkhadem venait à peine d'entamer son discours, il y a de quoi être inquiet sur les lendemains qui déchantent pour un leader politique qui voit partout le sol se fissurer sous ses pieds.
L'offense, il faut le dire, a été grande ce jour à la Coupole, où il devait animer un meeting pour remettre certaines pendules à l'heure, en martelant à celui qui voulait l'entendre la théorie du complot. Comment en est-on arrivé à synchroniser une telle mobilisation pour produire un couac aussi audacieux face à un homme qui paraissait imbu de sa puissance et qui par, conséquent, ne donnait pas, du moins en apparence, l'impression d'être dérangé par une révolte classée par lui comme simple agitation passagère. En tournant le dos à un chef de plus en plus contesté, les militants ont voulu délivrer un message fort, et bien plus profond que l'actuel locataire du secrétariat général ne l'imagine.
D'une part, c'est au despotisme d'un homme qui a perdu toute crédibilité auprès de la base que les redresseurs veulent mettre fin. Ensuite, c'est pour montrer à l'opinion publique qu'il y a de graves divergences idéologiques au sein d'un parti devenu organisation hétéroclite qui n'a plus d'ancrage dans la société.
Pour les redresseurs, le temps de la démagogie et de la compromission est fini. Une démagogie incarnée par Belkhadem et ses partisans dans le seul but de se maintenir dans la périphérie d'un Pouvoir décadent alors que l'Algérie a besoin d'une classe politique autrement plus dynamique et plus ouverte sur les réalités du pays. Si l'affaire du sigle ne semble pas pour le moment les affecter outre mesure, c'est dans la restructuration de la famille politique frontiste qu'ils veulent s'investir, en apportant des idées neuves et une autre façon d'aborder la politique. En vérité, les revendications présentes, qui tendent à s'amplifier à la lumière d'une conjoncture politique défavorable pour le vieux parti unique, ne sont pas nouvelles.
Le FLN depuis qu'il s'est transformé, par ambition démesurée, comme instrument du système a toujours fait l'objet de violentes critiques. Mêmes les hommes historiques qui s'en étaient écartés, figures de proue de la révolution nationale, n'ont pas hésité à mettre à nu ses dérives qu'ils considéraient au fil du temps comme dangereuses pour le pays. On reprochait à l'évidence aux dirigeants du FLN, qui se sont succédé à la tête du parti de penser plus aux contingences carriéristes des militants arrivistes qu'aux aspirations des citoyens, et notamment celles de la jeunesse avec laquelle le parti a fini par perdre tout lien. En cherchant à s'identifier à tout prix au système, tout en sachant qu'il n'aura qu'un vulgaire rôle de propagande, le FLN a perdu fatalement ses repères dans la société de laquelle il s'est résolument déconnecté.
Avec Belkhadem, le fossé s'est encore davantage creusé. La vie partisane du parti n'est devenue qu'ombres chinoises où tout se manigance derrière le rideau. Et puis, nous dira un redresseur, c'est le conservatisme accentué du FLN version Belkhadem qui fait peur. L'homme connu pour ses tendances islamistes ne pourra (et ne voudra) jamais s'impliquer dans les choix républicains sans renier ses convictions idéologiques. Le fait que dans les hautes sphères on veuille aujourd'hui freiner la frénésie qu'il place dans ses ambitions présidentielles prouve que l'homme ne correspond plus au profil du postulant que l'on s'est fait de lui. De plus, en s'acharnant à contrer subtilement les réformes de Bouteflika, Belkhadem prête encore dangereusement le flanc à ses détracteurs.
Pourra-t-il sortir indemne de cette tourmente ' Rien n'est moins sûr, car les préjugés défavorables sont nombreux sur cette personnalité qui a réussi à se frayer une place de choix dans notre société sans jamais montrer l'image d'un vrai bâtisseur politique tourné vers le progrès. Le fait de renier son propre programme en prenant en charge celui du président de la République, au même titre d'ailleurs que ceux de l'Alliance, démontre que le FLN reste une coquille vide.


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)