Algérie

Coordination des universités de Constantine (CUCH) : Une nouvelle impulsion au mouvement universitaire


Le mouvement universitaire semble connaître quelques fléchissements en raison de la reprise des cours, l'effet Ramadhan et les divergences intrinsèques à la communauté. De l'avis même des concernés, exprimé lors des assemblées générales hebdomadaires, la mobilisation doit reprendre de l'élan.Pour ce faire, une restructuration s'impose, telle une condition sine qua non pour la pérennité de cette dynamique. C'est dans cet esprit rassembleur que s'est tenue l'assemblée générale du dimanche, 26 mai, à la faculté d'architecture et d'urbanisme de l'université Salah Boubnider (Constantine3).
A l'issue, une nouvelle coordination a vu le jour, fédérant enseignants et étudiants, pour «canaliser le mouvement universitaire et lui insuffler une nouvelle impulsion», nous a-t-on indiqué.
Il s'agit de la coordination des universités de Constantine pour le hirak (CUCH). Publiée sur le forum des enseignants, la déclaration, qui a sanctionné la dernière AG, est très explicite quant à la stratégie à suivre que l'on veut des plus pragmatiques afin de maintenir sur les rails cette «locomotive» du mouvement populaire.
Cette nouvelle instance qui revendique «l'instauration d'un socle démocratique et d'espaces de la libre expression sur les campus» lance un appel à l'ensemble de la communauté universitaire pour une adhésion massive, susceptible de renforcer le hirak universitaire. «Il n'est plus question d'ancrage local, il s'agit de la survie du mouvement et de la meilleure synergie pour le booster», a-t-on insisté.
A rappeler qu'à part à Alger, Tizi Ouzou, Béjaïa, Oran, Constantine et Jijel, la marche du mardi n'est plus suivie dans les autres villes universitaires. Et même là où elle est observée, le nombre des marcheurs se réduit semaine après semaine.
La communauté à Constantine s'échine à renverser la tendance. «Il faut surmonter les clivages et cibler une coordination régionale, voire nationale», est-il encore ambitionné pour réinstaurer la cadence contestataire des premiers jours.
L'une des options pour atteindre cet objectif est de «faire jonction avec le mouvement dans les autres régions du pays à l'effet de maintenir la pression jusqu'au départ des résidus du pouvoir», a-t-on ajouté. Visiblement, le cap de la protesta est toujours de mise à travers la journée du mardi, qui «sera sans activité pédagogique, puisque c'est celle de la marche».
Et ce point est d'ailleurs l'une des conditions de la reprise dans certains campus soumis à l'administration. «Le mardi sera consacré au mouvement sans qu'aucune conférence ou séance pratique y soit prévue», est-il affiché, ainsi que le «rejet de toutes les formes de rattrapage et intensification du programme, l'obligation d'achever au moins 12 semaines d'études du deuxième semestre avant les examens, et l'annulation des absences».
Auquel cas, c'est-à-dire «en l'absence d'accord avec les départements pédagogiques, c'est le retour de la contestation», a-t-on averti. L'occupation de la rue, si elle fait l'unanimité, est devenue sujet à débat. Sur une vidéo de l'assemblée générale de dimanche dernier, postée sur un site estudiantin, un enseignant a proposé quelques modifications concernant l'itinéraire emprunté depuis trois mois. Une approche pour stimuler le mouvement et lui ouvrir d'autres perspectives.
Et des perspectives de mobilisation, il en faut à l'heure où la situation politique du pays frise le vide constitutionnel. Avant la date d'expiration du délai de dépôt des dossiers de candidature, soit le 25 mai, les universitaires, ont affiché la couleur, celle du boycott des élections du 4 juillet prochain.
DOUBLE ACTION CONTESTATAIRE
Un appel à ignorer cette échéance a été lancé, doublé d'une marche populaire le jour J. «Préparons-nous à une grève générale le 4 juillet 2019 pour boycotter ces élections. Agissons au niveau des élus APC pour empêcher toute préparation logistique des élections.
Préparons une campagne du «non» dans tous les quartiers? préparons la marche du «non» le jour des élections qui doit être massive avec un seul mot d'ordre? «Non aux élections du 4 juillet», a publié sur son mur Facebook un ancien coordinateur du Syndicat de l'enseignement supérieur (CNES). Beaucoup trouvent dans cette suggestion la réponse idoine à ce forcing électoral. Aujourd'hui que cette consultation est moins certaine, les avis ont-il changé ' «Si le scrutin demeure d'actualité, le seul mot d'ordre pour nous est le boycott», affirme-t-on dans les milieux estudiantins.
Et d'ironiser : «Peut-on croire à des élections transparentes sous l'égide de Bédoui qui a recueilli 6 millions de parrainages pour le Président-candidat au 5e mandat '» Des slogans brandis lors de la manifestation hebdomadaire expriment clairement le rejet «du recyclage du système qui est à l'origine de cette crise par le biais d'élections menées par la Issaba».
Un étudiant délégué est plus catégorique : «Election ou pas, nous continuerons à investir la rue tant qu'il sera nécessaire. Si le rendez-vous du 4 juillet est maintenu, nous tablerons sur une double action, la marche et le boycott.» Et à cette communauté, comme de larges pans de la population, de s'interroger sur la possibilité d'organiser un scrutin dans la conjoncture actuelle. «Des spécialités et des personnalités publiques et politiques s'accordent sur le report de cette élection», a-t-on indiqué.
Un professeur en droit renvoie à la dernière déclaration médiatique d'Ahmed Benbitour : «L'idée du respect stricto sensu de la Constitution ne fera pas sortir le pays de la crise.
La solution politique s'opère par un changement serein du régime à travers l'application des articles 7 et 8 de la Constitution puis l'activation de l'article 102 durant une période de transition? qui devra donner lieu à l'élaboration d'une feuille de route pour une sortie de crise, la désignation d'un gouvernement de transition et la définition des modalités d'organisation d'une élection présidentielle régulière.» Retour aux fondamentaux, aux deux fameux articles qui confèrent le pouvoir au peuple. «Une solution politique et non constitutionnelle», ce à quoi aspire aussi la communauté universitaire.
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