Algérie

Coopération : le mythe parfait


Coopération : le mythe parfait
Il est devenu banal, du moins admis, que les populations, les états et les régimes politiques vivent et subissent la mondialisation, des échanges (des personnes, des biens et services) y compris religieux et symboliques. Au fil du temps et devant la fragilité aux niveaux économique, militaire, alimentaire, sécuritaire, des états se sont constitués en blocs plus ou moins homogénéisés par des traités, des lois communautaires et par l'effacement des frontières. L'Europe, après deux guerres mondiales et l'état fédéral américain apparaissent comme des constructions qui fonctionnent, où les singularités nationales, régionales et locales sont protégées et entretenues selon leur ancrage et leur vigueur qui traversent les siècles. Pour les industries culturelles en Europe, le marché a la taille du continent dans lequel circulent les idées, l'argent, les productions grâce à la traduction, au sous-titrage l'apprentissage de certaines langues, à l'universalité de la musique, de la peinture, du cirque, etc. Le marché américain fait vivre sa production culturelle et exporte la peinture, la littérature, le film, les séries TV et la musique. En d'autres termes et en raccourci, en Europe et aux Etats-Unis les industries culturelles ont de gigantesques marchés à cause justement des langues, les us et coutumes et la variété des caractéristiques religieuses, culturelles et ethniques. Les pays arabes, qui sont une communauté linguistique, auraient pu prétendre, à partir de cet atout, à la construction d'un marché estimé à près de 300 millions de consommateurs, susceptible d'être le moteur pour la naissance d'une floraison, avec des capitaux croisés, de PME/PMI, de centres et de grands instituts de formation animés par les meilleures de la planète, de nombreux espaces modernes dédiés au film, à la musique, au théâtre, à la danse, etc. Pour des raisons idéologiques, religieuses (qui font qu'il y a presque autant d'islam que de pays), d'autoritarismes et de fermetures dans chaque système, le monde arabe ne peut devenir un marché où les frontières tomberaient et où les créateurs, les idées et l'argent circuleraient comme en Europe ou à l'intérieur des états américains, du Canada, en Asie'
Devant des blocages qui structurent sur le long terme la régression culturelle, l'avancée du salafisme et de tous les archaïsmes, les états arabes font vivre la fiction de la coopération entre eux, entre eux et des pays d'Europe, d'Asie, le Canada, les Etats-Unis, la Chine, l'Australie' Des tonnes d'accords sont signés à tour de bras, des séminaires, des voyages coûteux sont organisés non stop. Sans résultat aucun. Il ne peut en être autrement comme l'illustre le seul exemple qu'aurait pu être non pas la coopération (car le développement culturel est inégal) mais la recherche précise de possibles investissements communs (studios de tournage, TV privées mixtes algéro-françaises, compagnies théâtrales, industries du disque, ballets) car l'Algérie a l'espace et l'argent. La France a des industries, de la formation, des centaines de talents reconnus dans le monde, des millions de maghrébins et d'arabes sur son sol. La France et le Maghreb sont un immense marché. Les entreprises culturelles françaises sont, à l'évidence intéressées, par un marché maghrébin intégré. Cet espace n'est pas envisageable tant les conflits latents, l'immaturité des dirigeants et le regard exclusivement idéologique, plutôt religieux porté sur la culture bloquent tout processus d'intégration. Là où deux guerres mondiales ont été dépassées entre l'Allemagne et la France pour la construction européenne, le Sahara Occidental apparaît indépassable pour les régimes maghrébins. Et entre l'Algérie et la France, on entretient avec constance et obstination deux tabous, pour le moment, infranchissables. La guerre de libération et la problématique linguistique n'ont pas encore trouvé de part et d'autre des élites politiques capables de les transcender. Alors on signe des accords de «coopération» qu'il serait fastidieux de compter et on fait semblant d'être de «bons amis». On évoque, d'un air entendu, un «partenariat», une «coopération». Mais dans quelle langue, une fois éradiqués les Algériens «juifs», chrétiens «hizb frança», et les Français qui pensent que la guerre de libération était juste, que la France a commis des atrocités en Algérie '
A. B.
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