Convertibilité du dinar: un «saut périlleux»

Les règles prudentielles observées par l'Algérie en matière de politique monétaire semblent aller dans le sens d'une appréciation bienvenue du dinar algérien. Si sur le marché parallèle, le dinar reste encore désavantagé par rapport aux principales devises comme l'euro ou le dollar, au cours officiel, l'écart se resserre lentement mais sûrement. Beaucoup d'eau a coulé sous les ponts au sujet de la convertibilité totale ou partielle du dinar algérien.Des économistes et opérateurs économiques s'interrogent sur la possibilité d'une convertibilité totale du dinar compte tenu des réserves de change importantes dès la fin des années 90. Mais au moment où les réformes économique structurelles entamées sous l'ère Tebboune commencent à apporter leurs fruits, les autorités monétaires préfèrent adopter une règle prudentielle, celle d'un taux de change qui consiste à opérer un glissement orienté de la valeur du dinar, en vue de réaliser un équilibre entre les quantités offertes et demandées entre la Banque d'Algérie d'une part, et les banques commerciales d'autre part. L'on sait que la crainte des autorités en cas de convertibilité totale du dinar réside dans le risque d'une fuite des capitaux vers l'étranger, sans parler de la vulnérabilité des recettes en devises due aux chocs exogènes.
La fin du contrôle des changes et la libre convertibilité de la devise nationale est une autre solution défendue par des opérateurs économiques, surtout ceux tournés vers l'exportation. Un déficit budgétaire à près de 16% du produit intérieur brut (PIB), le recours par le passé à la planche à billets, un marché noir de la devise qui a pignon sur rue, un secteur informel au moins aussi important que l'officiel, la réforme du système bancaire et de la réglementation des changes qui n'a pas encore atteint les objectifs escomptés, constituent autant d'écueil sur le chemin d'une convertibilité possible de la monnaie algérienne. Il y a encore nombre de prérequis à rassembler pour que le dinar algérien s'échange en dehors de nos frontières nationales et pas seulement pour les riches. Une monnaie ne vaut que si elle est convertible. Même si d'aucuns parlent de «saut périlleux» en cas de convertibilité totale du dinar algérien.