Algérie

Controversé, le Way way continue de faire danser la jeunesse



Controversé, le Way way continue de faire danser la jeunesse
Une nouvelle danse pour adolescents en mal de divertissements fait son apparition. L'idée est de mimer les paroles d'une chanson raï, généralement décousue et sans consistance. Si certains mouvements peuvent provoquer un malaise, d'autres peuvent séduire par leur humour. Public sensible s'abstenir.Avec un nom pareil, on pourrait croire qu'il s'agit d'un nouvel appareil électronique ou du dernier manga à la mode. Le concept de cette danse «Way way» ou «Ey ey» ' Des jeunes qui gesticulent dans tous les sens. Des mains qui simulent une mitraillette, un pincement de nez ou un c?ur. Pour les jambes, on peut faire ce qu'on veut. Certes, les jeunes y font montre de beaucoup d'humour. Bien sûr, cette danse a valeur d'exutoire pour une jeunesse en mal de loisirs.Mais les références à la drogue (le mot halwa revient dans plusieurs chansons) ou au sexe attisent l'inquiétude des parents. «La première fois que j'ai vu des jeunes danser (en pleine rue près d'Alger), je me suis dit ??pauvre jeunesse'', voilà qu'ils deviennent complètement fous !Ce n'est que plus tard que j'ai compris qu'il s'agissait d'une danse à la mode», commente Amina, cadre dans une entreprise privée. Les parents d'ados qui ont eu à visionner les vidéos se montrent plutôt circonspects. «Il y a toujours eu ce qu'on appelait de notre temps le raï ??live'' ou ??hard'' à la différence près que les adolescents peuvent aujourd'hui librement y accéder via internet.Avant, cette musique était confinée dans les cabarets», préciseNaïma, travaillant elle aussi dans une boîte privée. D'autres comme Mustapha Assas, père de trois enfants, dont l'un est au lycée, estime que le Way way ne mérite pas tant d'affolement. «Qu'y a-t-il de mal à voir ces jeunes danser ' Mes enfants y voient un défouloir, ça les fait rire, pourquoi j'irais leur interdire une petite bouffée d'oxygène '» La force du Way way tient au fait qu'il devient un phénomène viral sur le Net.Les danseurs se filment dans leurs chambres ou leurs salons, dans des classes vides, dans des cyber-cafés ou à la récréation. Il en résulte des milliers de vidéos postées sur Youtube, qui engrangent des centaines de milliers de vues. Les commentaires sont ahurissants. Le mauvais goût y devient parfois jubilatoire.«Moins de rythme et plus de dégâts»Le fait est, par ailleurs, que la musique raï a toujours donné lieu à des polémiques et autres jugements entre ceux qui défendent un «genre noble» contre ce qu'ils considèrent comme «un genre vulgaire». Ces chansons semblent offrir aux jeunes la possibilité de contourner les interdits. Qu'importe. Hakima, enseignante, assume ses contradictions : «Il est vrai que dans mon adolescence j'aimais écouter le raï, même si mes parents me l'interdisaient, car il avait une mauvaise image en ce temps-là.Mais aujourd'hui, ce n'est plus la même chose. J'ai jeté un ?il par curiosité sur les nouveaux tubes, les chansons n'ont aucun sens, elles ont moins de rythme et feront plus de dégâts».Pour autant, les moins de 20 ans réalisent eux aussi que les paroles du nouveau raï sont dépourvues de sens. «Je regarde les vidéos montrant les danseurs de Way way uniquement pour me marrer. Ils font des concours, des mouvements des plus bizarres, c'est à mourir de rire», explique Nazim, lycéen, habitant le quartier Belouizdad, à Alger.Les humoristes web tels que Chemsou Blink, Zarouta Youcef et Adel Sweezy ont délicieusement brocardé ce qu'ils appellent «la culture Way way en Algérie», décortiquant les paroles saugrenues des nouvelles stars du raï. La mode Way way est sans doute aussi passagère que ses lointaines cousines des Etats-Unis telles que la Shmoney dance ou le Harlem shake. Dans quelques mois peut-être, elle tombera délicatement dans l'oubli?




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