Algérie

CONTRIBUTION Pour un retour aux sources



Dans le passé, si notre football a connu des moments de gloire et de fierté, ce n'était pas le fait du hasard. Durant cette période faste, on avait une stratégie claire, une autorité reconnue et respectée et nos instances sportives composées de membres possédant des qualités reconnues moralité, intégrité et désintéressement, maîtrisant parfaitement la gestion de notre sport roi.
Aussi, il y a lieu de signaler qu'à l'époque où notre sport a atteint le sommet mondial avec nos champions du monde en athlétisme et nos footballeurs au Mondial et autres disciplines (judo, handball, boxe, etc.), parce que le sport algérien reposait sur une politique et une stratégie claire basée sur le sport de masse, laquelle a donné naissance à de très grands champions . L'objectif de la démarche d'antan reposait sur la prospection et la découverte des jeunes talents là où ils se trouvaient dans les cités et quartiers, dans les écoles (sport scolaire) et au sein des clubs de divisions inférieures. Qui se souvient aujourd'hui des regrettés MM. El- Kamel et Fouilah, ces hommes de devoir, qui, durant les années 1960/1970, se sont engagés avec dévouement, passion et beaucoup de sacrifices dans des actions à travers nombre de régions du pays ayant contribué énormément à l'émergence de très grands joueurs qui ont représenté dignement le football algérien entre 1975, 1982 et 1986. C'est grâce à ces hommes de très grande valeur que la plupart des joueurs de cette très belle époque ont émergé des quartiers populaires et ont fait le bonheur des équipes nationales et de beaucoup de clubs sur le plan national et international. Notre football était considéré et respecté grâce à ces dirigeants avant d'avoir les éloges pour ses sportifs. Cette race de dirigeants a joué un très grand rôle dans l'épanouissement des jeunes talents. A ces hommes du devoir qui ont fait un travail remarquable, nous leur rendons aujourd'hui un très grand hommage.
Le quartier, l'unique voie à explorer et à suivre
Le retour à la source est salutaire. La relance et le redressement du sport et plus particulièrement le football passent avant tout par la renaissance d'une vieille tradition, à savoir la pratique à travers des tournois interquartiers. Dans cette école de la vie, comme dirait Hadj M'Hamed El-Anka, on rencontre de talentueux joueurs et des éléments d'exception. Devant la situation actuelle de notre sport en général et plus particulièrement le football, on doit prendre sérieusement en considération le sport de proximité qui est la base de toute relance. Sous d'autres cieux, de très grandes structures de sport de proximité sont mises au niveau des fédérations. Puisque nous traversons une période difficile, pourquoi alors persister sur une voie qui a montré toutes ses limites. Il faut qu'on ait le courage de se remettre en question. Il s'agit de revoir simplement la stratégie de prise en charge de notre football. Il n'est plus question à chaque échec de changer de staff technique car aujourd'hui il s'agit d'un problème de fond qui se pose. C'est plus urgent que, par exemple, d'instituer une ligue professionnelle bien que ce soit une nécessité dans le football moderne. Malheureusement, la LFP a été installée dans la précipitation sans aucune base solide et la plupart de nos clubs sont confrontés à de vrais problèmes financiers, ne possédant aucune infrastructure sportive, ni centre de formation. On s'est dirigé vers le professionnalisme avec l'état d'esprit d'amateur. Il faut reconnaître qu'on n'est pas prêt pour mettre en place ce projet qui nécessite une grande réflexion. Le système de gestion actuel de notre football est verrouillé par le fait qu'il dépend de l'homme et où la majorité des responsables des structures des ligues de football relevant de l'assemblée générale obéissent aveuglément aux orientations, et ce, pour préserver leurs privilèges. Faut-il oublier de signaler que certains présidents ne s'intéressent qu'à leurs clubs. L'assemblée générale ne joue pas pleinement son rôle. Celle-ci est pourtant censée être un espace de propositions et de débats sur les sujets d'actualité comme, par exemple, la situation de notre football, les équipes nationales, et les catégories de jeunes et de l'arbitrage aujourd'hui très contesté. Or, cette AG est devenue une boîte à enregistrement jouant un rôle effacé, voire négatif. Le constat de notre football est amer et pour améliorer la pratique du jeu à onze, il faut s'attaquer aux vraies causes qui sont à l'origine de sa dégradation. L'une de ces causes est l'émergence dans notre milieu footballistique de certains dirigeants ne se souciant guère des valeurs du sport, utilisant le football comme tremplin, et ce, avec la bénédiction des instances sportives réduites au silence face à un phénomène qui ne cesse de prendre de l'ampleur. Autre point négatif : comment peut-on voir évoluer un jour notre football en l'absence d'infrastructures en mesure de satisfaire les besoins de nos élites sportives ' Celles existantes, à l'exemple du stade du 5-Juillet dont l'état de la pelouse est plus que déplorable et dangereux, interpellent les consciences. Qu'en est-il aussi des écoles de formation, l'absence d'encadrement qualifié pour les catégories jeunes, ou encore l'instabilité de l'encadrement technique des équipes à tous les paliers ' Les fléaux qui gravitent autour de nos enceintes footballistiques comme la violence ou le comportement irresponsable de certains acteurs du football sont tels que le risque de dérapages est grand. Un scénario qui peut nous conduire vers une situation qu'on ne pourra plus maîtriser à l'avenir. La FAF et la Ligue professionnelle doivent songer sérieusement à parer au chaos prévisible à l'amorce de la phase retour où les enjeux seront plus importants.
Bannir les clivages
Pour ce qui est de la préparation de notre EN, la question qui reste posée est celle de la sélection des joueurs évoluant à l'étranger et la préparation de l'équipe à l'étranger. Un choix qui laisse supposer que notre championnat national n'a aucun intérêt, et dénote, par ailleurs, qu'il existe un vrai problème de fond au sein de notre système de compétition qui n'est ni productif, ni spectaculaire. Et pourtant l'Algérie recèle un potentiel inépuisable de jeunes talents. Ceux-ci, malheureusement, disparaissent dans la nature en l'absence d'une prise en charge sérieuse. Ce sujet doit être débattu par l'ensemble des compétences ayant acquis une expérience reconnue pour mettre en place une ligne de conduite et un programme en vue de préserver nos jeunes talents. Pour le bien de notre EN, il faudrait bannir les méthodes présidant au choix des joueurs émigrés et ceux exerçant dans les challenges locaux lesquelles ont eu pour conséquence de créer un climat malsain et très tendu au sein de l'équipe. Certains soi-disant professionnels se comportent en seigneurs et imposent leur diktat. Que l'on soit très clair : à l'heure actuelle, nous ne possédons aucun vrai professionnel. Celui-ci est reconnu comme tel s'il évolue régulièrement dans un grand club comme cela était le cas pour MM. Dahleb, Zidane, Madjer, Maroc, Korichi et bien d'autres sans oublier les gloires de l'EN du FLN Mekhloufi, Boubekeur, Zitouni, Bentifour, etc. Dans le football moderne, tout a évolué que ce soit dans le domaine technique ou administratif et il faudra s'y adapter. Il est nécessaire de mettre en place des compétences répondant aux exigences de la gestion du football moderne pour pouvoir établir des constats, analyser et réfléchir pour décortiquer la réalité du terrain. Les échéances importantes à venir à l'instar des éliminatoires de la Coupe du monde 2014 recommandent la contribution de tout un chacun. Avec comme ambition l'intérêt du football et des footballeurs.
A. B.
*(Ancien arbitre international, président de l'Association Ouled El- Houma)


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