Algérie

Contrefaçon d?Algérie



Ils nous font de l?ombre, et même à Dieu on ne peut pas demander justice. » Ce sont les mots de Lounès Matoub. Bien sûr, plus grave que les sacs noirs d?argent parasitant les tribunaux et renvoyant aux calendes grecques le juste jugement d?affaires privées, le poète assassiné a entrevu des serres plus dangereuses qui font main basse sur le sens même de l?évolution de l?Algérie. Tenez, au c?ur même de ces serres, ces jours-ci, l?actualité médiatisée nous a proposé à entendre des échos sur deux choses. D?abord, un abus sans frontière de biens imaginés, créés et produits dans d?autres pays sous leur droit. Une contrefaçon algérienne de génie, qui la classe 9e dans le monde, avec le pic de 72% dans le domaine du compact-disc. Certaines voix pourraient voir là une juste revanche contre les firmes impérialistes : acheter à très bas prix leurs images, leurs inventions, n?est-ce pas prendre la voie la plus rapide du développement ? Dans cette configuration, la juteuse opération Ousratic, si déclamée par le ministre Haïchour, est de nature à huiler la pénétration totale du marché, cependant que les capacités endogènes de production s?assèchent davantage. Les industries culturelles algériennes naissantes, à l?instar de la télévision, se retrouvent dans la situation de gober les créations artistiques et rêves des autres. Justement, cette deuxième chose d?actualité : l?un de nos journaux nous a rapporté de Tunis que les fabricants de l?émission de jeu Akher Kalima, programmée par la télé gouvernementale ENTV deux fois dans la semaine, ont « soufflé sa première bougie ». On serait tenté de dire grand merci à nos frères entrepreneurs tunisiens de la lumière qu?ils apportent aux foyers du pays. Mais point trop n?en faut. Déclinaison de produit télévisuel du mastodonte mondial Endemol, cette contrefaçon légalisée - renvoyant toujours à d?autres lendemains des créations nationales - sera encore « servie durant une ou deux saisons ». Ajoutant, en effet d?annonce, que les téléspectateurs tunisiens, eux, ont droit déjà à un autre produit d?Endemol, « A prendre ou à laisser », en version soft bien sûr. Pas de massage relaxant et encore moins de pincement de fesses pour avoir la baraka. A prendre ou à laisser est notre Star Academy « dialna ». Effaçable cette nouvelle wechma ?


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