Algérie

Contrebande : frontières gruyère et instruments étatiques déconnectés



«E-ffi-ca-ci-té», c'est quelque part la conclusion à laquelle sont parvenus les représentants de différentes institutions étatiques quant à la lutte, voire seulement aux moyens de juguler le formidable phénomène de la contrebande à hauteur des zones frontalières. Aussi ceux (représentants) des douanes, de la justice, de l'entreprise économique Naftal, littéralement vampirisée par le suçage au niveau des stations de la wilaya de Tébessa et Tlemcen d'un carburant qui prend la direction des pays voisins en l'occurrence la Tunisie et le Maroc, reconnaissent, si tant est qu'est permise l'expression, que si des efforts il y a ce serait plutôt du côté de l'efficacité qu'il faudrait revoir les procédés stratégiques engagés jusque-là pour mettre un terme définitivement ou encore une fois amoindrir les conséquences de ce qui s'achemine vers une mise à sac d'un produit national qui revient très cher au Trésor public ainsi que d'autres produits parfois nationaux mais plus souvent d'importation dont la particularité est de bénéficier du soutien de l'Etat. Ce qui rend la réalité encore plus complexe et les conséquences plus préjudiciables.Défaut d'efficacité, encore heureux que le mot ait été lâché dans une émission de la Télévision nationale et à un moment de grande écoute, d'autant plus que le reportage en question avait fait l'objet d'une large publicité. Il y a lieu de s'extasier sur cette inattendue sortie médiatique d'une télévision qui n'a pas pour attitude professionnelle de faire dans le reportage journalistique hard comme celui de mardi passé et dans lequel ont pratiquement et sans ambages été déshabillés des représentants de l'Etat devant lesquels bien des journalistes avaient l'habitude d'avoir une complaisance qui n'avait même pas besoin d'être qualifiée de suspecte en ce sens que le mot n'était pas assez fort.
Les pouvoirs publics savent très bien donc que 45% des produits soutenus traversent les frontières. Un peu comme le représentant de Naftal, dont le staff managérial qui ne doit avoir dans ses rangs que des cadres très bien formés, qui annonce que les ventes de gas-oil au niveau des wilayas de Tébessa ou Tlemcen flirtent à la même hauteur que celles de la capitale laquelle, est-il sérieux de le souligner, est certainement 15 ou 20 fois plus importante sur tous les plans. Ceci sans qu'au sein de l'entreprise ou à un stade hiérarchique plus élevé, et pourquoi pas partagé avec d'autres acteurs essentiels des départements ministériels, on n'ait tiré la sonnette d'alarme. «Naftal étant une société commerciale, par essence, ne doit se limiter qu'à faire du commerce», résumera son représentant.
En fait, à travers tout le débat et les arguments avancés par le représentant des Douanes, de la Justice et de Naftal, le malaise était palpable à couper au couteau parce que tout spectateur averti aurait compris que l'Etat, ses instruments et les mécanismes existants n'avaient aucune parade devant le phénomène de la contrebande et c'est faire preuve d'angélisme que de croire comme l'intervenant du ministère de la Justice que l'implication de la société civile aiderait à juguler la contrebande et toute forme d'évasion de produits de première nécessité, qu'ils soient nationaux ou importés.
Et pour l'aréopage présent, considérer que la solution viendrait de la modernisation des moyens de lutte et du renforcement des effectifs n'est qu'une vue de l'esprit qu'ils avancent d'ailleurs tout en affirmant qu'à chaque fois que «les moyens de l'Etat ont été modernisés, que les services ont bénéficié de technologie de pointe, les contrebandiers passaient à un stade supérieur de la riposte, de l'intelligence». Autrement dit l'éternel dilemme de la massive épée à laquelle résiste un bouclier qui le sera encore plus.
L'ampleur de la contrebande aux frontières qui, jusque-là, ne semblait que mythe surfait par le colportage d'informations de résidents des zones frontalières et amplifié par les médias est autrement une réalité des plus inquiétantes qui ne saurait être moins gravement perçue ou dédramatisée parce que des pays comme la France ou la Belgique en souffriraient aussi. S'acheter bonne conscience de cette manière serait effectivement trop facile au moment où l'Etat a plus besoin d'affirmer sa force, sa vitalité s'en allant à-vau-l'eau comme cette excuse avancée par un douanier sur le terrain et qui a consisté à expliquer que «'les douaniers n'étaient pas en mesure de répondre à la violence des contrebandiers par la violence en raison des risques d'émeute sociale à hauteur de la région au cas où ils se trouveraient des victimes parmi les contrebandiers». Autant donc admettre qu'il n'existe pas de solution aux terrifiants et ingénieux trafics à hauteur des zones frontalières et qu'il faudrait pour le pays d'apprendre à vivre avec. Bref, la fatalité.
A. L.


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