Algérie

Contre-vérité



Dans son témoignage, publié il y a quelques mois, relatant son itinéraire de militant du Mouvement national algérien et l'action de la Fédération de France du Front de libération nationale de l'été 1957 à 1962, Omar Boudaoud a prétendu, sur le mode de l'affirmation, que j'avais, après mon arrestation, « préféré » faire assurer ma défense par un avocat français d'extrême-droite et donc étranger au collectif d'avocats constitué par la Fédération de France du FLN pour assister les détenus algériens. C'est une contre-vérité et je m'inscris en faux contre une telle assertion. M'attribuer une telle attitude constitue pour moi une offense que je n'accepte pas. L'ancienneté de mon militantisme au PPA et MTLD et ma présence en France au c'ur de la lutte pour l'indépendance de l'Algérie m'avaient, un tant soit peu, initié à la chose politique pour que je n'aille pas, là où le propos en question l'affirme.J'ai été effectivement arrêté par des policiers de la DST en mars 1958, après minuit, de même que Haddanou Ahmed, au moment où je le quittais et franchissais l'entrée de la « chambre de bonne » où il habitait. Après quelques jours passés dans les locaux de la rue des Saussaies, c'est un juge militaire qui nous signifia notre inculpation ainsi qu'un transfèrement en Algérie en exécution d'une commission rogatoire émanant du tribunal militaire de Constantine. Dans les locaux où officiait le juge, nous a rejoint Maâdini Ahmed, un commerçant du Quartier latin qui avait ses entrées dans les services préfectoraux parisiens, que la Fédération de France utilisait pour obtenir des documents d'identité et de voyage.Sitôt placés en mandat de dépôt à la prison de Fresnes nous avons constitué, avec Me Mourad Oussedik, d'autres avocats du collectif dont Me Stibe. Incarcérés quelques mois à la prison civile de Constantine, comme tous les compatriotes arrêtés qui ont fait partie du convoi (plus de 150) vers l'Algérie, Maâdini Ahmed a été libéré au début de l'été 1958 tandis que Haddanou Ahmed, élargi un peu plus tard, a été conduit dans un camp d'internement avant d'être libéré en 1960. Je suis, par contre, resté en détention à la prison de Koudia plus d'un an avant d'être reconduit en France, le délit retenu contre moi s'étant déroulé sur le territoire français. Le dossier de la police qui me concernait, et j'en savais quelque chose, était peu édifiant pour un juge.A Paris, lors de ma comparution devant le juge d'instruction, c'est Me Renée Stibe et seulement elle et nul autre qui était présente. Ayant bénéficié d'une mise en liberté provisoire, et pris en charge par le réseau Jeanson, j'ai quitté la France à la fin de l'été 1959 pour rejoindre, via la Suisse, l'Allemagne, où se trouvait le Comité fédéral. Dans ces conditions, quel procès avais-je à préparer ' Ce n'était pas ma première arrestation, ni ma première incarcération et chaque fois, ceux qui ont été proches de moi dans la lutte le savent bien,que je n'ai jamais flanché dans un interrogatoire ou « contribué » à l'arrestation de mes compagnons.


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