Quand Chirac «exhume» le Traité d’amitié Le président français Jacques Chirac a, contre toute attente, exhumé le fameux traité d’amitié devant être signé entre son pays et l’Algérie au moment où on l’attendait le moins... A un peu plus de deux mois de son départ désormais évident de l’Elysée, au regard de sa dernière déclaration («il y a une vie après la politique», NDLR), Jacques Chirac revient à la charge en transmettant à son homologue Abdelaziz Bouteflika, par l’intermédiaire de son ami et néanmoins président du Conseil constitutionnel français, M. Mazeaud, actuellement en visite en Algérie, son «souhait» de voir se concrétiser le projet. M. Mazeaud a déclaré, à l’issue de cet entretien, avoir fait part à M. Bouteflika du souhait du président français de signer, «le moment venu», le traité d’amitié entre la France et l’Algérie, en souffrance depuis plus d’un an, rapporte l’AFP, citant «une source française». L’agence officielle APS va plus loin en rapportant que l’émissaire du président français lui a déclaré avoir transmis le souhait de Chirac de «reprendre» les négociations sur le traité d’amitié. «Etant très proche du président de la République française, j’ai rappelé au président Bouteflika combien le président Jacques Chirac souhaite effectivement la reprise du traité d’amitié entre les deux pays», a-t-il déclaré à la presse à l’issue de l’audience que lui a accordée le chef de l’Etat. Mais qu’est-ce qui fait donc courir Jacques Chirac au crépuscule de la fin de son second mandat à la tête de la République française? Et surtout pourquoi insiste-t-il pour la reprise «ici et maintenant» des négociations alors que tout le monde s’attendait à l’après élection présidentielle en France pour voir plus clair? Deux lectures peuvent expliquer ce retour à de meilleurs sentiments du président Chirac: soit il voudrait quitter le Palais de l’Elysée en laissant ce cadeau pour la postérité aux Français et aux Algériens, soit il veut simplement baliser le terrain à son éventuel positionnement aux côtés du candidat de l’UMP, Nicolas Sarkozy. En effet, les observateurs politiques des deux pays étaient unanimes à considérer que la signature d’un traité d’amitié n’était plus d’actualité à mesure que s’approchait l’élection présidentielle. Ni la gauche de Ségolène Royal et encore moins la droite sous la houlette de Sarkozy n’ont voulu prendre des engagements de campagne dans ce sens, de peur de se mettre à dos soit les adversaires français du traité ou les Algériens d’ici et de l’Hexagone. Il y avait comme un accord tacite que cette question qui fâche devait être ajournée à l’après présidentielle. Mais cette déclaration inattendue du président Chirac va sans doute relancer le débat sur ses motivations. Les mots particulièrement doux et sympathiques de Mazeaud au sortir de son «long entretien» avec Bouteflika dénotent que quelque chose est en train de changer. «Je suis particulièrement touché par l’entretien que j’ai eu avec le président de la République et qui a été très riche et très enrichissant pour moi», devait-il indiquer. «Nous avons parlé de la politique française, de la situation en Algérie et des liens entre nos deux pays», ajoutait l’émissaire du président Chirac qui a tenu à rappeler, à l’occasion, que «les liens et les traditions font que les deux pays sont finalement très proches et il nous appartient de continuer dans l’avenir par cette proximité qui se traduit en réalité par une amitié profonde entre les deux peuples». Il y a lieu de rappeler que le traité, qui devait être signé fin 2005, a été reporté sine die en raison de la fameuse polémique sur un article controversé de la loi française du 23 février 2005, louant les «aspects positifs» de la colonisation en Afrique du Nord. Même après son abrogation, un froid s’est installé entre Paris et Alger renvoyant, par-là même, la «refondation des relations» aux calendes grecques.
Posté Le : 12/02/2007
Posté par : sofiane
Source : www.voix-oranie.com