Algérie

Contre-offensive



Contre-offensive
Dix jours après la tenue de la conférence pour une transition démocratique, le pouvoir envoie dans l'arène politique son représentant pour riposter à une initiative de l'opposition qui a vraisemblablement provoqué quelques secousses au sein du régime. La conférence de presse du directeur de cabinet à la présidence de la République n'était pas un «bilan d'étape» des consultations autour de la révision constitutionnelle, mais une contre-offensive visant à faire échouer le travail de rapprochement entre les forces de l'opposition militant pour une transition démocratique. Aux yeux du pouvoir, le danger réside dans la transition, affirmant que l'Algérie l'avait vécue avant tous les pays de la région et en avait payé un lourd tribut.Dans la mémoire collective, ces dernières décennies n'auront été qu'une guerre livrée par les groupes islamistes, vaincus par la résistance citoyenne et les forces de sécurité, le tout sur fond d'autoritarisme politique qui met en échec toutes les luttes démocratiques. Si, dans l'esprit du représentant du pouvoir, la période de transition englobait l'épisode tragique de l'assassinat d'un chef d'Etat en exercice, cela compliquerait davantage l'équation algérienne. En matière de transition, nous sommes loin de donner au monde quelque leçon sur le mode opératoire, puisque nous avons réalisé la prouesse d'asseoir officiellement la réconciliation sans passer par les étapes indispensables de la vérité et de la justice. C'est la notion de justice transitionnelle qui met le pouvoir dans tous ses états, s'attaquant de façon désordonnée aux forces politiques qui réclament un processus démocratique pourtant vécu sans drame national dans nombre de pays, notamment africains.Dans une fausse assurance qui cache mal une déliquescence interne criarde, le pouvoir renvoie l'opposition à des tâches domestiques, sollicitée uniquement pour relever les défis de l'emploi, du logement et peut-être de la protection de l'environnement. En déclarant que le Président «accorde» une place et un rôle à l'opposition au sein des institutions, le chef de cabinet de la Présidence fait ainsi savoir que les notions d'alternance ou d'alternative sont bannies du logiciel du système en place. L'opposition a le droit d'animer? l'opposition ou de faire une entrée symbolique dans les institutions. Pour donner un semblant de teneur politique à cet incroyable attachement au statu quo, le pouvoir ne tarit pas d'éloges à l'endroit du «doyen» de l'opposition et du «patron» d'un maquis disparu.Une crédibilisation problématique puisque le premier tente vainement de distinguer entre participation et caution et le second utilise, dans ses déclarations, un ton plus proche des tirs nourris d'armes automatiques que de simples propos politiques. La dernière personnalité reçue ces derniers jours à ces consultations et bénéficiant d'une certaine aura politique se distinguera en dénonçant en 2014 ce qui s'est passé en 2008, à savoir l'instauration de la présidence à vie. Ouyahia a tenté de relever le moral des Algériens en assimilant son ouvrage politique à un avion qui décolle, mais le commun des citoyens craint que le pays ne soit transformé par les dérives du pouvoir en un bateau menacé de naufrage.




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