«Une charte sur le discours religieux sur les mass media» est en cours d'élaboration et sera bientôt présentée en Conseil des ministres, avant d'être présentée au Parlement, selon le ministre des Affaires religieuses qui s'exprimait devant les responsables des zaouïas de la wilaya de Tizi Ouzou, en séminaire sur «l'héritage culturel et cultuel des zaouïas». Mohamed Aïssa, qui a «évoqué le sujet» avec la même attention et sur le même ton que sa réponse aux... revendications salariales des imams, nous a peut-être déjà fixés sur la portée de ce projet de loi. Il sera élaboré «en collaboration avec l'Autorité de régulation de l'audiovisuel».Au-delà de la contribution, forcément technique mais certainement utile de l'Araav, le fait de contenir cette loi dans un espace si étriqué est en soi un indicatif de ce qu'on peut en attendre : pas grand-chose et surtout... rien sur les questions de fond. Il y a d'abord le discours qui en sous-tend l'idée, dont le moins qu'on puisse dire est qu'il ne préfigure rien de nouveau : «Il est impératif de promouvoir notre patrimoine cultuel ancestral dont l'âme est foncièrement pacifique pour en faire un rempart contre toutes ces idéologies extérieures et étrangères à notre culture de tolérance et de fraternité fortement ancrée dans notre société.» Une loi destinée à combattre l'extrémisme et promouvoir la tolérance ne peut être que l'expression d'une volonté politique de bâtir une société dont les valeurs énoncées sont le socle. En l'occurrence, on n'a pas besoin d'analyses savantes pour se rendre compte que non seulement on en est loin mais qu'on «travaille» plutôt dans l'autre sens. Sinon, le ministre des Affaires religieuses et des Waqfs aurait peut-être anticipé sur quelques... évidences, histoire de nous rassurer sur la nature et l'ambition de son projet. En commençant peut-être par nous dire que le «discours extrémiste religieux se combat d'abord au c?ur de la société et sur le terrain de l'espace public, avant d'élaborer une loi qui le bannisse de l'expression médiatique. Et d'en formuler les exemples les plus criants, les plus obscurantistes, les plus violents et les plus périlleux sur le projet de tolérance, d'ouverture et de... modernité que cette loi serait appelée à promouvoir. Le discours légitimant la bastonnade des femmes, les appels au lynchage des «non-jeûneurs», les descentes punitives sur les plages, l'insulte permanente des «juifs et croisés», la fermeture vendredi des restaurants à... midi, le refus des coiffeurs de raser la barbe, la chasse de rue aux «moutabaridjate»? ça fait partie du «discours religieux extrémiste ou non, Monsieur le Ministre. Si oui, vous êtes sûr que c'est à la télé qu'il faut commencer pour l'interdire '
S. L.
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Posté Le : 28/11/2018
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Slimane Laouari
Source : www.lesoirdalgerie.com