Algérie

Contrats gaziers: Des pressions sur l'Algérie



Le ministre de l'Energie et des Mines, Youcef Yousfi, est revenu, lors de l'émission «Mouachirate» de la Radio algérienne internationale, sur une multitude de sujets qui font l'actualité, tels que le développement des énergies renouvelables et la production des engrais, le possible recours au nucléaire, le pipeline pour le transport de gaz vers l'Italie ou encore la pression que les pays européens exercent sur l'Algérie pour la révision de la nature des contrats d'exportation des hydrocarbures. Sur l'ensemble des sujets évoqués, le ministre s'est montré optimiste et assuré que l'Algérie mobilise tous les moyens dont elle dispose pour venir à bout des ses difficultés et mener ses projets à bien.

A propos du transport du gaz vers l'Italie, dont l'Algérie demeure le premier fournisseur, Youcef Yousfi a indiqué que le projet de réalisation de ce gazoduc de 2.000 mètres sous la mer est en cours d'étude et que les deux parties ont convenu d'un délai de quelques mois pour prendre une décision. Ceci étant, a-t-il ajouté, les Italiens auront besoin de gaz à long terme et sont en train de prospecter de nouvelles sources d'approvisionnement dans un marché mondial où l'Algérie (qui exporte quelque 65 milliards de mètres cubes de gaz) continue de jouer un rôle prépondérant en dépit de l'apparition de nouveaux producteurs : « Nous ne craignons pas la concurrence que peuvent nous livrer des pays comme le Nigeria ou le Qatar, ni celle à venir des USA et de la Russie», a assuré le ministre de l'Energie et des Mines, en rappelant que l'Algérie, qui étudie de nouveaux marchés, a déjà opéré une incursion en Asie, continent vers lequel elle a commencé à exporter son gaz.

Abordant les pressions exercées par les pays européens pour la révision de la nature des contrats d'exportation de gaz qu'elles voudraient de courte durée, Youcef Yousfi s'est montré ferme: « Nous ne pouvons investir des sommes colossales si nous ne sommes pas certains de la durabilité d'un marché sur une période de 20 à 30 années ». Mais, a-t-il indiqué, en ne fermant pas complètement la porte, de petites sociétés basées en Europe travaillent sur la base de contrats de courte durée et vendent de petites quantités d'hydrocarbures. Mais pour le moment, les pays européens devront se résigner aux contrats de longue durée pour ce qui concerne des exportations de volumes plus importants. Le ministre a rappelé, à ce propos, que le marché mondial a besoin de 40 millions de baril/jour pour les dix prochaines années, à la fois pour compenser la baisse de production des champs existants et pour couvrir les besoins à avenir.

Interrogé sur la coopération du groupe Sonatrach avec des sociétés étrangères, le ministre a rappelé que l'Etat encourage toujours le partenariat entre SH et les compagnies spécialisées dans les hydrocarbures et possédant la technologie dans le cadre de l'exploration, mais toujours dans les limites de la règlementation algérienne: «Ce partenariat se fera toujours dans le strict respect de la règle du 51/49 fixé par la loi», a-t-il réaffirmé, en admettant que l'expertise étrangère reste toujours importante pour le pays. Particulièrement dans le domaine de l'énergie renouvelable, dont le programme, composé de trois étapes, reste toujours figé sur la première : «Nous disposons de chercheurs de haut niveau, mais ils ne disposent pas de stations de production d'électricité à partir de l'énergie solaire pour se familiariser avec cette technologie et espérer la développer », a expliqué le ministre, en exposant toutefois les efforts déployés par l'Etat en la matière : réalisation en 2011 à Hassi R'mel d'une station de 150 mégawatts, dont 30 provenant de l'énergie solaire, construction d'une nouvelle station destinée aux études à Ghardaïa, projet de production de l'électricité à partir de l'énergie éolienne à Adrar et lancement prochain du projet de plaques solaires à Rouiba.

D'ailleurs, a-t-il encore signalé, des contacts sont en cours avec des centres de recherche et des universités étrangères pour des contrats de partenariat dans le cadre de la formation des chercheurs algériens. Le ministre a également évoqué les grandes potentialités algériennes en schiste et l'étude des possibilités d'extraction du gaz de cette roche.

Quant à Desertec et la récente signature surprise par Sonelgaz d'un accord de coopération avec le consortium allemand DII (Desertec Industrial Initiative), Youcef Yousfi a tenu à souligner que l'Algérie devrait d'abord établir son programme pour les 20 prochaines années. « Maintenant que nous avons identifié les actions à entreprendre, la technologie nécessaire et les coûts qui seront induits, nous sommes prêts à engager des partenariats, que ce soit dans le cadre ou hors de Desertec, à condition que les équipements soient fabriqués en Algérie. Nous refusons de recourir à l'importation dont la facture serait trop importante », a-t-il affirmé.

A côté du développement des énergies renouvelables, Youcef Yousfi n'a pas écarté l'éventualité d'un recours au nucléaire : « Cela est inéluctable, mais pas avant 15 ou 20 ans. Il faut, d'abord, penser à la formation des cadres et des ressources qui prendront en charge la fabrication de l'électricité à partir du nucléaire. L'invité de la radio a également indiqué que l'Algérie ambitionne de devenir un pôle majeur dans la production des engrais à partir du phosphate et du gaz.

Sur un plan plus local, en parlant du manque du gaz butane pendant ces intempéries, le ministre de l'Energie et des Mines a rappelé que le gaz butane existe mais que le problème réside dans son stockage et son transport: «Nous ne fuyons pas nos responsabilités, mais nous vivons des circonstances exceptionnelles », a-t-il déclaré, en expliquant qu'en temps ordinaire, l'Algérie dispose d'une réserve d'une semaine et distribue entre 100 et 115 millions de bonbonnes de gaz: « Nous allons étudier la possibilité d'augmenter la durée des réserves à un mois», a-t-il promis.

Le ministre a par ailleurs annoncé que, dans le cadre de la promotion du GPL, des mesures ont été prises pour que les véhicules de transport de l'Etusa, à Alger, remplacent le gasoil par Sirghaz et que la Société nationale des véhicules industriels devrait commencer à fabriquer des engins fonctionnant exclusivement au GPL. Quant au projet visant à amender la loi des hydrocarbures en vue de relancer l'investissement dans la production, le ministre s'est contenté d'indiquer qu'il était encore en cours d'étude.




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