Algérie

Contradictions


Gaïd Salah a de nouveau évoqué la situation politique du pays appelant à un dialogue «dans le calme» entre toutes les parties. De Tamanrasset, le chef d'état-major de l'ANP a affirmé que seul un dialogue «sérieux et constructif» constitue une solution à la crise que traverse le pays appelant tout un chacun à privilégier l'intérêt suprême de l'Algérie et à faire des concessions mutuelles dans ce sens. Le vice-ministre de la Défense a aussi parlé de la décennie noire, estimant que le peuple «n'a pas oublié la période des années 1990» et ne souhaite pas «voir se répéter les expériences précédentes».Une sortie médiatique qui risque de ne pas passer sans réactions de la rue et de l'opposition qui attendent une autre orientation dans le répertoire de Gaïd particulièrement à la lumière d'un report de l'élection présidentielle qui se profile de plus en plus. Un discours également qui coïncide avec le décès du militant des droits de l'homme Kamel Eddine Fekhar des suites de sa grève de la faim et qui risque d'entraîner des réactions de ceux qui exigent le changement du régime. De Tamanrasset, la sortie de Gaïd peut avoir des incidences sur le mouvement populaire. Le fait d'évoquer les années 90 peut être perçu comme une maladresse puisque le sujet a déjà été critiqué par les Algériens qui avaient dénoncé l'instrumentalisation du péril terroriste à des fins politiques.
On se rappelle du discours des partisans d'un cinquième mandat qui n'avaient pas hésité à convoquer la menace sécuritaire pour convaincre les citoyens du bien-fondé d'une réélection de Bouteflika. Sidi Saïd, Benyounès ou Ghoul nous mettaient alors en garde contre «l'aventurisme», les «infiltrations étrangères» et les ennemis de l'intérieur, oubliant que les Algériens ne sont plus dupes et le spectre du terrorisme n'est plus une arme de dissuasion massive. En abordant derechef le dialogue, Gaïd Salah avait déjà évoqué une alternative proposée par l'opposition mais rejetée dans sa forme. En effet, il avait formellement indiqué que l'ANP «s'est engagée à ne pas être partie prenante à ce dialogue escompté».
S'il persiste dans sa logique, le chef d'état-major risque d'être confronté à ses propres contradictions puisque, si le scrutin est soit annulé, soit reporté, on se dirige tout droit vers le vide constitutionnel que craint tant l'armée et que par conséquent la présence même de Bensalah à la tête du pays serait un non-sens. Alors avec qui va-t-on donc dialoguer si ce n'est avec les tenants du pouvoir réel ' La question reste posée.
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