Algérie

Contradiction



Le référendum du 29 septembre est-il le début d?un processus ou l?aboutissement d?une démarche ? Au sein du Pouvoir, cette question ne semble pas tranchée. Mardi dernier, lors d?une rencontre avec les responsables des journaux, le chef du gouvernement a déclaré qu?après la charte pour la paix et la réconciliation nationale, il n?y aura rien. Le président de la République, lui, a dit, et à plusieurs reprises, que le référendum n?était qu?une étape. Etape d?un processus long. Qui a raison et qui a tort ? Abdelaziz Bouteflika a bien soutenu qu?au sein du Pouvoir, il existe des « parties » opposées à « la réconciliation nationale ». Ahmed Ouyahia est-il la voix des « opposants » non déclarés à la démarche présidentielle ? Rien ne permet de le trancher, même si Ouyahia a été, et pendant longtemps, mis sur le compte des « éradicateurs ». Le RND, parti d?Ahmed Ouyahia, fait campagne pour le projet présidentiel avec un rare engouement. C?est presque étonnant de la part d?un parti créé en 1997 principalement pour s?opposer, à défaut de les contenir, aux appels pressants au rétablissement de la paix lancés par une partie de l?opposition. Mais comme le RND n?est pas un parti autonome, la stupéfaction perd de sa vigueur. D?autant plus qu?Ahmed Ouyahia, alors chef du gouvernement, avait été parmi les promoteurs de la loi sur la rahma en 1995 avant de rejoindre les rangs, cinq ans après, des défenseurs de la concorde civile. A l?époque, la concorde civile, doublée de « la grâce amnistiante », était perçue comme la solution finale à la crise. En 2005, Bouteflika, Ouyahia et les autres disent que ce projet a donné des « résultats positifs ». Résultats dont les détails demeurent inconnus de l?opinion publique et de ceux priés de voter à la fin du mois. Aussi a-t-on estimé qu?il fallait « compléter » la concorde civile. D?où cette question presque évidente : pourquoi compléter une démarche qui a « réussi » ? Cela autorise toutes les suppositions. A l?heure actuelle, les voix officielles annoncent l?impossibilité « d?une amnistie générale » pourtant suggérée par le chef de l?Etat himself. A sein du Pouvoir, il y a comme une certaine entente de ne pas revenir « à la situation de 1990 », c?est-à-dire le retour du FIS. A ce titre, le silence d?Ahmed Ben Bella, réputé ami du chef de l?Etat, est éloquent. L?ancien président de la République avait plaidé la cause du parti dissous. Peine perdue. En apparence. Car il semble que le retour des dirigeants de l?ex-FIS, encore à l?étranger, soit souhaité en haut lieu. Au-delà de ce fait, « l?étape » évoquée par Bouteflika trouble la vision. Le locataire d?El Mouradia suppose que la charte du 29 septembre n?est pas suffisante pour rétablir la paix. D?où la possibilité d?autres démarches. Cela dit, jamais dans l?histoire de l?humanité un pays n?a, à travers une opération référendaire, posé la question à son peuple s?il était pour ou contre la paix.


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