Algérie

Continuité



Jamais dans l'histoire de l'Iran post-Révolution islamique de 1979 une élection présidentielle n'aura suscité comme celle de demain autant de polémiques, de virulentes passes d'armes impliquant publiquement et pour la première fois de hauts dignitaires du régime qui ont étalé sur la voie publique leurs divergences sur fond d'attaques personnelles. Le tout puissant président du Conseil de discernement (organe d'arbitrage entre le Parlement et le Conseil des gardiens de la révolution qui fait fonction de Conseil constitutionnel), Akbar Hachémi, vient de sortir de sa réserve pour demander un droit de réponse à la télévision en vue de répliquer aux accusations de corruption contre sa personne et son fils proférées par le président sortant Ahmadinejad candidat à un second mandat présidentiel.Une première dans les annales politiques de la République islamique iranienne ! Non seulement le numéro deux du régime iranien a été débouté par la télévision d'Etat qui lui a refusé son droit de réponse, mais il n'aura suscité ' suprême camouflet ! ' aucune marque de soutien et de sympathie de la part du guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, qu'il a publiquement sollicité pour intervenir dans ce différend qui risque, a-t-il menacé, de prendre des proportions incontrôlées et incontrôlables s'il n'obtenait pas réparation pour son honneur bafoué.Le silence observé par le guide suprême dans cette affaire est perçu par les observateurs comme un positionnement politique en bonne et due forme de l'homme fort du régime en faveur de la candidature de Mahmoud Ahmadinejad et contre celle de Mir Hossein Moussavi, ex-Premier ministre, parrainée par M. Rafsandjani. Le guide suprême avait assuré avant la campagne électorale qu'il ne soutiendrait aucun candidat en particulier. Mais le profil du candidat souhaité pour le pays tel qu'il l'avait dressé ne laissait planer aucun doute sur l'homme lige du régime qui n'est autre que M. Ahmadinejad. « Le peuple a besoin d'un candidat proche des préoccupations du peuple et non des candidats qui se sont enrichis sur le dos du peuple iranien », avait-il lancé à la veille de la campagne électorale. Ahmadinejad n'a fait qu'exécuter une volonté testamentaire du guide de la révolution islamique iranienne en s'attaquant à un symbole de la théo (aristo) cratie iranienne : de la caste des dignitaires du régime qui ont bâti leur fortune à l'ombre de la Révolution islamique.En adoubant la candidature de Mahmoud Ahmadinejad qui aura été durant son mandat d'une inflexibilité à toute épreuve par rapport au dialogue avec l'Occident sur le nucléaire iranien et sur la politique étrangère iranienne, notamment au Moyen-Orient, l'ayatollah Ali Khamenei a-t-il joué la carte de la continuité et de la radicalisation face aux autres courants prônant un assouplissement de la position de l'Iran, gage, selon eux, du retour de ce pays sur la scène internationale ' Avec la disqualification de M. Rafsandjani, qui n'est pas candidat à l'élection présidentielle, mais qui ne tire pas moins les ficelles dans l'ombre et la réélection plus que probable de M. Ahmadinejad, qui part favori pour un second mandat, le régime iranien conforte le courant ultra-conservateur emmené par Ahmadinejad en redistribuant cette fois-ci les cartes dans les sphères décisionnelles entre les dignitaires du régime.Selon toute logique, M. Rafsandjani et d'autres hauts dirigeants de sa mouvance sont désormais assis sur un siège éjectable. Mais cette révolution de palais ne change rien pour autant à la nature théocratique du régime.


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