Algérie

Consulter un psychiatre reste un tabou en Algérie


Consulter un psychiatre reste un tabou en Algérie
«Ce n'est pas la dépression qui est un tabou. C'est aller voir un psychiatre qui l'est, parce que consulter ce dernier est synonyme de folie», explique Mahmoud Boudarène, psychiatre.Les personnes souffrant de dépression nerveuse iront plus volontiers voir le psychologue ou un imam. «Pour autant, plaide Dr Boudarène, la dépression est une vraie maladie mentale - ce n'est pas une folie, il faut le souligner - qui a des répercussions familiales, professionnelles et qui a, dans bien des cas, un coût social élevé. Elle nécessite des soins appropriés pour vite en sortir.Ceci dit, le psychothérapeute est dans son rôle, il agit en collaboration avec le médecin psychiatre pour mettre au point le projet thérapeutique». Le recours aux soins traditionnels tient une place non négligeable dans notre société, souligne l'expert. «Le recours aux talebs, dit-il, a été supplanté par celui aux rakis. Dans la détresse, certains sujets préfèrent en effet s'en remettre à la religion, à Dieu, plutôt qu'à la médecine. Cela ne marche pas toujours, en tout cas pas dans les dépressions avérées, encore moins dans les pathologies mentales graves.Toutefois, cette démarche doit être respectée parce qu'elle participe d'une part du libre arbitre du sujet et contrarier ce choix est une entrave à sa liberté». Pour le psychiatre, le malade a droit, dans la souffrance, au respect de ses convictions et de ses croyances. «L'empêcher de vivre l'expérience de la rokia est, de mon point de vue, une mutilation psychique.Quant à la suite des événements, tout dépend de l'imam auquel le sujet se sera adressé. Si celui-ci est éclairé, il prend rapidement conscience des limites de son action et suggère au sujet de consulter chez le psychiatre. Il appartiendra ensuite à ce dernier d'offrir les conditions psychologiques propices à l'amorce du processus de guérison. Le médecin doit puiser dans sa compétence scientifique et dans la ??magie'' de la complicité de la relation qu'il aura tissée avec son malade, cette alchimie particulière qui fait aussi de la médecine un art, l'art de guérir ».




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