Les représentants des zaouïas et les hommes de culte plaident unanimement
en faveur de réformes constitutionnelles «sur la base des valeurs spirituelles
et nationalistes».
Ils sont venus hier, à six pour exprimer leurs avis et formuler des
propositions sur les réformes décidées par le président de la République. Ils
l'ont fait parce qu'ont-ils dit tous, «nous avons estimé qu'il y était du
devoir religieux qui est de porter le bon conseil à celui qui le demande.» Ils
ont tous fait valoir le principe de base de l'Islam que Dieu a consacré dans le
Coran à savoir : «Amrouhoum choura bainahoum (ndlr ils doivent gérer
leurs affaires par la consultation).» Trois d'entre eux étaient drapés de
l'habit blanc de la pure tradition des cheikhs de zaouïas. Parmi eux, on
comptait la présence du Pr Mohamed Benradhouane et Dr Saïd Chibane, tous
deux hommes de culte et anciens ministres des Affaires religieuses.
La consultation des cheikhs par la commission Bensalah
a duré deux bonnes heures. «C'est la plus longue séance de consultation que la
commission ait menée à ce jour,» ont-ils fait remarquer à leur sortie. «Que
Dieu nous pardonne si nous avons fauté,» a prié le Pr
Mohamed Benradhouane qui a été le premier à prendre
la parole face à la presse. «Nous avons répondu à l'invitation de la commission
parce que nous estimons que c'est un droit et un devoir, du point de vue de la
religion de le faire puisque le prophète Mohamed (QLSSL) a résumé l'Islam en un
mot : Enassiha (le bon conseil),» a-t-il déclaré
d'emblée. «Nous avons formulé notre conception de l'Etat algérien dans les
différentes constitutions et lois,» a-t-il précisé laissant la place à cheikh
Mohamed El Kacemi de la confrérie El Hamel de M'Sila.
«Une conception de l'Etat algérien dont les contours des droits et de l'égalité
ont été tracés dans la lettre de Novembre,» enchaîne le cheikh. Il a affirmé
qu'ils ont tous plaidé en faveur de la lutte contre la débauche, contre la
corruption et contre tous les maux sociaux. Ils ont été unanimes, selon lui, à
faire remarquer que «les insuffisances et les lacunes ne sont pas dans les lois
mais dans leur application quotidienne.» Ils estiment ainsi que «la faute n'est
pas dans les lois.» Ils espèrent avoir exprimé «ce qui permettrait de réaliser
la réconciliation avec soi et celle du peuple et de construire un Etat sur la
base des valeurs spirituelles et nationalistes.» Cheikh Mohamed Cherif Kahar, professeur à
l'université d'Alger, à la Cour
suprême et membre du Haut Conseil islamique (HCI) rappelle qu'«il y a tout un
verset dans le Coran sur echoura (la consultation). L'Islam
doit être la première charte et la référence authentique de l'Etat algérien et
l'arabe qui est la langue du Coran est celle qui nous unit, unit notre peuple
et notre pays.»
«La consultation est un principe de base de l'Islam»
Il a tenu en outre, à noter que «la justice doit être la plus grande
armée pour une nation et la paix, la meilleure vie qui lui doit lui être
réservée.» Il appelle avec insistance à «un retour aux sources et aux valeurs
de la nation.» Cheikh Abdelhamid Abou El Kacim, représentant des 6 cités de l'Oued M'Zab El Ibadhi sera en propos, le plus prolixe d'entre tous. «Le
discours que le président de la République a adressé à la Nation, le 15 février
dernier, constitue un tournant décisif pour le pays,» a-t-il souligné en
premier. «Il promet un avenir radieux à la Nation algérienne, pour son développement, sa
stabilité et son épanouissement,» ajoute-il. L'initiative du président
d'engager des consultations politiques sur des réformes qu'il a décidées, constitue,
a-t-il relevé «un principe de base de l'Islam et une prise en considération des
valeurs authentiques du peuple.» Le plus important pour lui est «de toujours
renforcer l'unité nationale et préserver la mémoire de la Nation, en référence aux
préceptes de l'Islam, c'est ainsi qu'on peut semer la confiance et l'espoir
dans l'avenir et dans les générations futures.» Le cheikh ibadhit
fera un long plaidoyer en faveur de la langue arabe. «L'arabe est la langue
officielle consacrée, il n'est pas question de revenir sur ça, et celui qui
veut comprendre le Coran et la charte de l'Islam doit comprendre l'arabe,» a-t-il
affirmé. Et avec un sourire plein d'affection, il lancera «notre langue du
M'Zab, on la parle chez nous et avec nos enfants pour qu'elle ne meurt pas
entre nos mains. Mais l'arabe restera la langue nationale et officielle.» Dr
Saïd Chibane, professeur en ophtalmologie à l'université d'Alger, homme de culte et ancien ministre
des Affaires religieuses espère que «les réformes soient efficaces pour le
peuple et pour le pays.» Il dira que la délégation a formulé des propositions
sur l'enseignement, la formation, la santé publique ainsi que sur des questions
économiques et sociales.
«C'est la victime qui doit pardonner ou pas»
Les collectivités locales ont aussi été des discussions tout autant, comme
précisé par le Pr Chibane
«les pouvoirs qui doivent leur être donnés.» L'ancien ministre juge que la
révision de la constitution doit être soumise à l'appréciation du peuple. «Il
faut qu'il soit consulté au moins pendant trois mois pour qu'il puisse donner
son avis, en toute liberté, sur cette révision,» a-t-il dit en aparté à des
journalistes. «Et s'il s'agit d'une assemblée constituante, il faut, explique-t-il,
que le peuple sache qui sont les personnes qui vont y siéger, quelles sont
leurs compétences et leurs capacités intellectuelles, c'est indispensable que
le peuple soit à même de le faire.» Sa référence pour cela est le «Contrat
social» (Jean-Jacques Rousseau, 1762) qui codifie les relations entre les
gouvernants et les gouvernés et entre les membres de la société. «Celui qui ne
l'a pas lu ou ne l'a pas compris, ne peut pas comprendre ce dont a besoin la
société,» pense-t-il. Le professeur propose, par ailleurs, la création d'un
conseil de la Santé,
un conseil de l'Education, un autre de la Culture et aussi une Académie des Sciences. Il
demande en outre, que le HCI ait des attributions d'une Académie des Sciences
islamiques pour entre autres, assurer la création scientifique, son édition et
sa distribution.
Le cheikh Ali Benarbi El Khalifa El aâm de la confrérie Tidjania (Aïn Madhi). «Nous représentons à
cette consultation la Tidjania à l'échelle nationale et
internationale,» a-t-il noté. Il a imploré Dieu pour «taâlif
el kolob oua soutr el ouyoub (ndlr Qu'il unisse les cÅ“urs et dissimule les défauts).»
Venu avec la délégation, Laïd Tidjani
de la confrérie de Timacine de Ouargla n'a pas pris
la parole.
Interrogé en aparté sur la
révision de la
Constitution, Cheikh Abou El Kacim
El Ibadhi affirme que «nous sommes contre toute
révision allant vers une confrontation avec l'Islam,» a-t-il répondu non sans
ajouter «nous avons un grand espoir dans ces consultations.» Il estime, par
ailleurs, qu'une amnistie générale relève des seules prérogatives de l'Etat. Cependant,
à l'égard de tout repenti, a-t-il fait savoir, «Dieu nous a ordonné le pardon. »
A condition précise-t-il que «ce repenti n'ait pas commis de crime parce que
Dieu ne pardonne pas le crime.» Dr Saïd Chibane pense
qu'en cas d'amnistie générale «il faut que les victimes l'acceptent, c'est à la
victime de pardonner ou pas, avant tout le monde.»
La commission Bensalah reçoit aujourd'hui le
secrétaire général du FLN, Abdelaziz Belkhadem. Samedi,
elle consultera Cheik Bouamrane, président du HCI
ainsi que six organisations féminines. Son porte-parole, Mohamed Ali Boughazi tiendra aussi son point de presse hebdomadaire.
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Posté Le : 09/06/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Ghania Oukazi
Source : www.lequotidien-oran.com