Publié le 25.07.2024 dans le Quotidien d’Oran
par El-Houari Dilmi
Des avions cloués au sol, des entreprises à l'arrêt, des bourses prises de panique
Le récent bug informatique a fait perdre à l'économie mondiale plus de 100 milliards de dollars, et met en garde les États sur la vulnérabilité des systèmes numériques.
Est-ce que l'Algérie est suffisamment protégée contre les cyberattaques ? Pour le président du syndicat du numérique et président-directeur général de la société «Alpha Computer», Guessoum Souheil, l'impact financier généré par la panne informatique du géant mondial «Microsoft» survenue la semaine dernière est estimé à plus de 100 milliards de dollars. Intervenant sur les ondes de la Chaîne 3 de la Radio nationale, Guessoum Souheil a plaidé pour une grande protection des infrastructures digitales algériennes, notamment les plus sensibles, «en veillant à diversifier nos systèmes de protection cybersécuritaires pour pouvoir parler d'une véritable souveraineté numérique», a-t-il souligné. «Devons-nous produire nos propres technologies en matière de cybersécurité comme le fait la Chine ou continuer à dépendre des sociétés américaines, la question reste posée», a estimé le président du syndicat du numérique, donnant pour exemple concret la bataille judiciaire opposant l'Union européenne qui accuse Microsoft de «situation monopolistique».
«Il est clair que nous vivons aujourd'hui à l'ère des guerres cybernétiques, ce qui induit que nous devons absolument développer davantage nos propres outils de protection de l'ensemble de notre système numérique, même si nous allons continuer à dépendre de certaines multinationales pour assurer une protection maximale de nos infrastructures digitales», a encore expliqué l'invité de la Radio. «Nous allons vers quelque chose comme 100 milliards d'objets connectés dans le monde d'ici à 2030, ce qui nous donne une idée claire sur le challenge technologique qu'il s'agit de relever d'autant plus que notre pays accuse un retard important dans ce domaine, même si des avancées sont enregistrées mais pas au rythme souhaité», a indiqué le P-dg de la société «Alpha Computer». «La priorité nationale aujourd'hui est de construire notre économie numérique avec un rythme très accéléré au vu de la conjoncture géopolitique et des risques divers», a argumenté Guessoum Souheil, soulignant que «nous somme à 3% de numérique seulement de notre PIB alors que la moyenne mondiale tourne autour de 15%».
«L'autre urgence est celle de développer nos infrastructures de base en matière de technologie numérique, surtout mettre en adéquation notre arsenal juridique avec le développement numérique en cours dans le pays», a encore indiqué l'hôte de la Radio, citant l'exemple de la signature électronique «qui n'est toujours pas utilisée en Algérie, notamment par les banques», a-t-il déploré. Estimant qu'il faut d'ores et déjà mettre en place une «stratégie nationale» pour arriver à 15% de numérique de notre PIB dans les cinq prochaines années, l'autre défi est celui de décliner cette stratégie au niveau de collectivités locales, institutions publiques et privées et tout l'écosystème économique pour à la fois gagner du temps et arriver à un niveau maximum de protection en matière de cybersécurité et une amélioration de notre interconnexion socioéconomique», a-t-il argumenté.
L'Algérie dispose de compétences lui permettant d'avancer dans le domaine numérique. «L'École supérieure d'informatique et l'École d'Intelligence artificielle produisent chaque année des centaines d'ingénieurs hautement qualifiés», a-t-il indiqué, déplorant au passage la fuite de cette ressource vers l'étranger. «Plus de 90% de ces ingénieurs finissent par travailler à l'étranger», a-t-il révélé, appelant à offrir à ces diplômés des salaires et des conditions adéquates pour les maintenir en Algérie et les impliquer dans la construction de notre économie numérique.
Posté Le : 10/08/2024
Posté par : rachids