La protection du littoral, contre les agressions du béton et de l'expansion urbaine anarchique, les rejets des eaux usées et les décharges sauvages, est devenue une urgence. Les autorités chargées de la protection et la valorisation du littoral ont besoin plus que jamais de se doter de textes juridiques clairs et précis pour assurer la sauvegarde et la valorisation de cette richesse menacée. Un nouveau décret exécutif, fixant les conditions et les modalités de construction et d'occupation du sol sur la bande littorale de «non-aedificandi», vient, en effet, d'être publié dans le journal officiel daté du 1er juillet. Ce texte, considéré comme une réponse aux préoccupations soulevées dans le dernier rapport du ministère de l'Aménagement du territoire, de l'Environnement et du Tourisme, fixe «les conditions et les modalités de construction et d'occupation du sol liées aux activités économiques autorisées» sur la bande littorale d'une superficie de trois kilomètres. Le rapport national établi par le ministère, adopté en Conseil des ministres en août 2002, a tiré la sonnette d'alarme face à la dégradation soutenue du littoral qui subit de graves agressions à commencer par l'urbanisation anarchique, les rejets industriels et urbains, l'existence de ports pour l'exportation d'hydrocarbures et le pillage, à grande échelle, des sables des plages. Des dispositions avaient été prises, signale-t-on, pour interdire l'exploitation des sables des oueds et des plages à partir de cette année. La bande littorale est aussi menacée par la montée en puissance, ces dernières années, de l'activité touristique surtout que les plans d'occupation des sols des ZET (zones d'extension touristique) ont été élaborés sans se soucier de la préservation de cette zone à l'équilibre sensible. Aussi le nouveau décret stipule que toutes les constructions sur cette bande doivent être réalisées sur la base d'une «étude d'aménagement du littoral». L'étude doit déterminer, entre autres, l'état des occupations actuelles et des activités humaines existantes ainsi que l'état environnemental et l'équilibre des écosystèmes. L'étude, initiée par le ministère de tutelle, devra être faite par des bureaux d'études agréés et ce conformément à la réglementation en vigueur avant d'être examinée et validée par une commission nationale ad hoc. La commission ad hoc présidée par le ministre de tutelle est composée des représentants de différents ministères concernés par la protection du littoral. Après la validation de l'étude d'aménagement du littoral par la commission nationale ad hoc, un arrêté conjoint des ministères de l'Intérieur et des Collectivités locales, du ministère de l'Aménagement du territoire et de l'Environnement, du ministère de l'Habitat et de celui du Tourisme est nécessaire pour déclarer «frappé de servitude» la bande du littoral. Ces dispositions ont été décidées dans le but de mieux préserver notre littoral qui enregistre une grande concentration démographique et reste surtout menacé par les rejets industriels et domestiques et les infrastructures portuaires pour l'exportation des hydrocarbures comme les ports d'Arzew, Béthioua et Skikda, selon le rapport national qui avait révélé que les taux de pollution des eaux de ces trois ports dépassent largement les seuils tolérés par l'Union Européenne en la matière. Les chiffres communiqués, l'année dernière, par l'Agence nationale d'aménagement du territoire (ANAT) sont alarmants. Au niveau du port de Béthioua, les valeurs retrouvées dans l'eau sont supérieures à 650mg/kg, soit le double des normes européennes tolérées qui sont de seulement 300 mg/kg. Pour le port d'Arzew, les valeurs oscillaient entre 500 et 8.500 mg/kg, puisque au niveau de ce port il existe 8 grands rejets qui représentent un débit d'environ 25.000 m3/jour d'eaux usées industrielles et 11.300 m3/jour d'eaux usées domestiques.
Posté Le : 16/07/2007
Posté par : sofiane
Ecrit par : Sofiane M
Source : www.lequotidien-oran.com