Algérie

CONSTAT D'ECHEC



« Un ministre est venu pour s'occuper des villes. Il était temps. Et c'est bien, car elles tombent en ruine. Le mobilier urbain de nos cités est dans un état de dégradation extrême. Et nos villes ne sont plus vivables. Alger, Oran, Constantine, Annaba ou Sidi Bel-Abbès, jadis surnommée «le Petit Paris», croulent sous le poids de l'abandon coupable de leurs gestionnaires. Au point qu'Alger, la capitale, est classée dernière sur 150 métropoles où il fait bon vivre. C'est dire que le mal qui ronge nos cités est profond.
La désignation d'un ministère qui va s'occuper des problèmes urbains et des citadins donne l'impression que les pouvoirs publics se sont subitement aperçus de cet extrême délitement dans lequel baignent depuis des dizaines d'années les villes algériennes. Sales et mal gérées, les villes algériennes donnent l'affreuse impression d'un abandon généralisé et les habitants pris en otage de l'absence d'une politique urbaine qui prenne en charge leurs besoins, notamment un service public de qualité. Et soudain, dans ce no man's land d'un autre âge, comme ces cités où la nature a repris ses droits dans ces fameux romans de science-fiction, les décisions commencent à tomber, comme pour rappeler qu'il y a quand même quelqu'un à la barre, avec cette annonce que près de 300 milliards de dinars seront consacrés pour prévenir les inondations des villes.
En fait, pour beaucoup d'urbanistes, c'est là un véritable constat d'échec des politiques de gestion de la ville menées jusqu'à présent. Dès lors, le nouveau ministre (de la ville) a du pain sur la planche, notamment redonner une nouvelle configuration à la gestion des actifs urbains. En même temps, il faut également désigner une bonne fois pour toutes l'autorité habilitée à gérer ces actifs urbains, les différents services publics ou les projets urbains et, surtout, mettre fin à la jungle des décisions qui a mis à mal des boulevards et des avenues considérés parmi les plus beaux sites en Méditerranée jusque dans les années 1980. Le Front de mer à Oran, le cours de la Révolution à Annaba ou la place des Martyrs à Alger, assoupie sur les pieds de la Casbah, avec sa façade sur la baie de Matifou et jusque vers les montagnes du Djurdjura ne sont plus que désolation. Et, parmi les grandes décisions qu'il faut prendre, c'est de revenir à la saine gestion de la ville, avec un seul centre de responsabilité, au lieu de ceux actuels (APC, DUCH, DTP, daïra, wilaya, etc.).
Il y a également la gouvernance à mettre en place pour mieux gérer les besoins et la demande en services publics des habitants des grandes villes et, surtout, concevoir des projets urbains simples et à la taille qu'il faut, au lieu des grands projets ruineux financièrement et dont la maintenance et le suivi sont abandonnés sitôt réalisés. Une loi sur la ville qui définit les rôles de chacun dans la gestion urbaine et des différents services de la ville existe bel et bien, mais elle n'a jamais été appliquée. Pourquoi' La question reste posée. Devant l'urgence de la situation et les impératifs de contenir une implosion démographique, avec une plus grande centralisation de la décision quant à la gestion des équipements et des services urbains, il est plus que recommandé de concevoir une nouvelle politique de la ville qui prenne en compte les réalités sociologiques, économiques et culturelles des Algériens, actuelles et à venir.


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