Algérie

Constantine : Un opérateur revendique l'ex-hôtel Transatlantique


L'hôtel construit par la chaîne Transatlantique sur un promontoire offre à ses locataires une vue panoramique imprenable sur le Vieux Rocher.Revoilà l'affaire de l'hôtel Transatlantique. 24 ans après son éclatement, le conflit est toujours devant le Conseil d'Etat, nous apprend Mostefa Halli, qui réclame pas moins de 85 milliards de centimes d'indemnisations sur le matériel qu'il n'avait pu récupérer avant son expulsion «éclair».
Constantine, 1996. M. Halli gère l'hôtel depuis 1989, date à laquelle il avait remporté, par adjudication, un contrat de location en gérance libre pour une durée de 3-6-9 années, renouvelable par tacite reconduction.
L'hôtel construit par la chaîne Transatlantique sur un promontoire offre à ses locataires une vue panoramique imprenable sur le Vieux Rocher. C'est un patrimoine reconnu de la ville, qui a l'avantage suprême de contenir les vestiges d'un temple où se réunissaient les adorateurs de Ball-Tanit, déesse carthaginoise de la fécondité.
Mais nous sommes au milieu de la décennie noire, des délégations exécutives et des abus d'une véritable mafia agissent à l'ombre des institutions. L'hôtel est alors la cible de prédateurs. «Un intermédiaire est venu me proposer une association avec le général, que je n'ai pas acceptée. J'ai refusé de m'associer étant échaudé par des expériences malheureuses vécues par d'autres», explique M. Halli, en désignant nommément le général à la retraite Mohamed Betchine, à cette époque homme fort de l'Etat. Le modus operandi ' M. Halli détaille le plan en citant Mohamed El Ghazi, alors wali de Constantine, comme responsable de la dilapidation.
«Le wali a sous-traité le sale boulot. D'abord, il a tenté une opération simple. Il a signé un arrêté daté du 3 août 1996 annulant mon contrat et prétextant le non-respect des clauses en semant la rumeur sur de prétendues ??m?urs légères'' qui se seraient emparées de l'établissement», dit-il. Notre interlocuteur exhibe des bons de commande et des factures attestant la fréquentation de l'établissement par des dignitaires de l'Etat et le personnel d'institutions respectables.
Le gérant se défend en effet et obtient un jugement de la justice qui annule l'arrêté du wali. «Je suis tombé sur un juge correct qui a débouté le wali», raconte-t-il. Mais le sort de M. Halli est scellé. La machine administrative prend le relais pour le dessaisir, en recourant à un stratagème : céder l'établissement au CPA pour en faire soi-disant une école de formation des banquiers. A ce moment, le CPA était dirigé par Mohamed Diabi, très proche du général. «En 24 heures, le bien est attribué au CPA et enregistré par les Domaines. Je n'ai même pas eu le temps de faire opposition», affirme M. Halli. Mais ce dernier n'abandonne pas ses droits et repart en justice. Une procédure qui n'a pas abouti.
Quatre années plus tard, des élus de l'Assemblée populaire de wilaya de Constantine rouvrent le dossier et s'interrogent sur cette transaction, et le montant ridicule payé par la banque : 3 milliards de centimes contre un bien idéalement situé, d'une superficie de près de 12 000 m², avec un bâtiment de 37 chambres et une valeur historique inestimable ! Ce fut l'arnaque du siècle pour Constantine.
D'aucuns pensent que le CPA ne devait servir que de lien de transfert de la propriété dans le portefeuille d'une personne. Le plan n'aboutira pas puisque le général fut relevé de ses fonctions deux années après, et le directeur de la banque emporté par une grave maladie.
Aujourd'hui que la situation change à la faveur du soulèvement populaire, Mostefa Halli espère obtenir justice et pourquoi pas, récupérer le Transatlantique et lui redonner sa vocation.
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