Algérie

Constantine - Tramway: Entre euphorie et désapointement





Après l'euphorie des premiers jours de fonctionnement du tramway constantinois, vendredi et samedi derniers qui étaient des journées fériées et durant lesquelles les premiers voyageurs ont utilisé ce nouveau moyen de transport plus pour une promenade de loisirs que pour son utilité pratique et professionnelle, est venu le tour des travailleurs, des fonctionnaires et des ménagères. Et là, l'enchantement a fait place au désappointement. Ce dernier sentiment s'est exprimé plus particulièrement au niveau du tarif et de la vitesse de circulation des rames.

D'une part, le prix uniforme du ticket fixé à 4O dinars a fait l'unanimité contre lui.

«Cela ne nous nous arrange pas du tout !», se sont exclamées hier des ménagères trouvées à la station Benabdelmalek.

Venues de Zouaghi afin de faire des emplettes en ville pour préparer le Ramadhan, elles ont expliqué que le déplacement en aller-retour, qui revient à 8O dinars, est très excessif sur une distance de 8 kilomètres, et elles soutiendront dans ce sens qu'elles vont continuer à utiliser les bus de transport urbain où elles ne payeront que la moitié de ce tarif.

«D'autant plus que, maintenant, la pression sur ces bus va diminuer. Et puis, ont-elles ajouté, les rames du tramway sont d'une lenteur incroyable!».

C'est exactement les mêmes impressions et déclarations qui nous ont été faites par une femme fonctionnaire de la résidence universitaire Zouaghi Slimane qui habite au centre-ville.

«Non vraiment, a-t-elle avoué à propos du tarif, je préfère encore les bus de transport universitaire où je ne paie pas de ticket!».

Ce sera certainement le cas de le dire pour les étudiants lorsqu'ils reprendront le chemin des campus.

Enchaînant, une autre femme, encombrée de sachets contenant les provisions faites au niveau de la vieille ville et qui s'apprêtait à regagner sa demeure à Zouaghi, a fait le même raisonnement.

«A 4O dinars le voyage en tramway, je préfère encore le taxi à 6O DA que je prends à hauteur de l'hôtel Cirta: plus rapide et plus pratique car cela m'évitera la fatigue pour coltiner tous ces sacs jusqu'à la station du stade Benabdelmalek».

Un autre fonctionnaire qui se rend journellement à son bureau dans la nouvelle ville Ali Mendjeli a montré aussi peu d'enthousiasme pour emprunter ce nouveau moyen de transport, peu enthousiaste pour cette nouvelle formule de transport censée, a-t-il dit, apporter la solution miracle aux déplacements des citoyens toutes catégories confondues.

«Ce n'est pas du tout évident pour ceux qui habitent à Ali Mendjeli ou qui y travaillent, comme moi par exemple. A y regarder de plus près, rien n'a changé pour eux. Je dirais même qu'ils sont les oubliés du tramway», dira notre interlocuteur.

Et d'expliquer que «la ligne du tramway s'arrêtant à Zouaghi, ils devront encore chercher des moyens de transport pour rejoindre leur domicile ou leur lieu de travail. Or, contrairement aux déclarations faites auparavant, les concepteurs du projet n'ont pas prévu de correspondance jusqu'à la nouvelle ville. Donc, pour nous, le tramway est, pour ainsi dire, un non-évènement».

Certainement que le tramway arrange les affaires d'une partie de la population, mais beaucoup reste à faire pour satisfaire la demande en matière de transport public.



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