Publié le 09.01.2024 dans le Quotidien le soir d’Algérie
Constantine, qui ne cesse de vivre sur son passé, veut désormais mettre en valeur les richesses de son patrimoine historique pour tenter une nouvelle aventure touristique qu'elle n'a pu mener convenablement jusque-là, faute d'infrastructures adéquates. Elle compte sur ses ressources prodigieuses afin de se mettre au goût du jour.
À part son site toujours aussi beau et ses ponts multiples, la ville n'a rien à offrir pour satisfaire les exigences des touristes qui, en plus du dépaysement, ont de nouvelles exigences auxquelles seuls de vrais professionnels peuvent répondre. Et aussi de divertissements, chose qui manque cruellement dans cette cité commerçante et couche-tôt. C'est ainsi que cette ville, jadis accueillante et hospitalière, vit durement cette récession. Comme d’ailleurs l’a si bien dit Malek Haddad : «On ne présente pas Constantine, elle se présente et on la salue, elle se découvre et nous découvrons ».
Aussi, autrefois capitale de l’Est par excellence, Constantine ne peut répondre aujourd’hui que difficilement à ces exigences. L'un de ses handicaps est sa taille de grande agglomération qui souffre cruellement d’un déficit en infrastructures de loisirs à divers niveaux entre autres au plan des loisirs aquatiques en été. Les palliatifs à ces conditions de vie extrêmes de la population, voire les solutions proposées (piscines, plans d’eau, forêts récréatives, etc.), n’ont jamais pu être réunis à grande échelle pour créer un nouveau cadre de vie attrayant, surtout en période de vacances et permettre justement à cette métropole de retrouver son lustre d’antan où il faisait pourtant bon vivre.
Réapparition des groupes étrangers
Des groupes de touristes étrangers ont fait leur apparition lors des fêtes de fin d'année, après une longue absence. Ce qui a satisfait un grand nombre d'agences de voyage et les quelques hôtels classés. Cela a ressuscité un certain engouement, synonyme d’une relance du tourisme local tant attendue. Car le tourisme entraîne automatiquement le développement d'autres secteurs comme l’artisanat, l’hôtellerie, les agences de voyage, les transports, la restauration et le commerce local.
Les visites se concentrent sur la découverte des endroits à caractère touristique, entre autres le chemin des touristes, les gorges du Rhumel, le site enchanteur de Sidi M’cid, les ruines de Tiddis, sans oublier le tombeau de Massinissa, pour ne citer que ceux-là.
Alors que les personnes âgées n’osent plus évoquer ou parler d’avenir sans avoir froid dans le dos en constatant des pans entiers de la vielle ville (Souika), — classée pourtant patrimoine national —, défigurés par des soi-disant travaux de rénovation, lesquels n’en finissent plus. En d’autres termes, et historiquement, le Constantinois, qui a pour sa vieille ville un amour à jamais gravé en sa mémoire et... son cœur, continue d'attendre de renouer avec son passé, en retrouvant la vieille ville retapée selon les normes et avec une vision qui intègre le respect de l'histoire, mais aussi les nouvelles exigences du tourisme.
Des hommes qui ne demandent qu'à travailler
Pour mieux connaître la situation dans laquelle se trouve pour l’heure ce secteur, il nous a semblé utile de nous entretenir, à cet égard, avec les responsables du Club des opérateurs du tourisme (COT) et l’office local du même nom, présidés respectivement par M. Azzedine Boulefkhad et Yaici Rachid qui, soit dit en passant, accomplissent à leur corps défendant un véritable travail de militants du tourisme local. À bâtons rompus, ils ont soulevé tous les problèmes liés à ce patrimoine, qui pourrait devenir un véritable gisement créateur de milliers de nouveaux emplois, tous métiers confondus, et profitable à toute la région.
«Pour peu qu’on prenne en considération notre programme d’action et mette en application nos idées nées de nos fortes expériences et notre engagement, Constantine retrouvera certainement son lustre d’antan, sachant qu’elle demeure l’une des villes les plus prisées, au plan touristique s’entend»
Et de poursuivre :«Nos objectifs sont loin d’être difficiles à atteindre dans la mesure où il suffit tout simplement d’adhérer à nos plans et nous assister. Nous évoquons ici l'épineux problème du foncier, lorsqu’on sait que Constantine souffre d’un immense déficit en infrastructures capables d’accueillir un nombre important de visiteurs.»
Dans un autre chapitre, il a été évoqué et souhaité, la mise en place d’un plan minutieusement étudié, de circuits à caractère touristique indispensable, voire spécifique à ce secteur. Il s'agit aussi de mettre en place des bureaux d’échange et de délivrance de visas, susceptible de faciliter la tâche aux visiteurs, comme ce fut le cas pour les régions du Sud, pour ne citer dans un premier temps, que ces points essentiels», affirment-ils.
Un salon pour faire le point et préparer 2024
En attendant, le club des opérateurs et l’office du tourisme s’attellent en ce début d’année 2024 à préparer avec minutie le prochain salon du tourisme qu’abritera Constantine, où le Sénégal a été désigné comme invité d’honneur. De nombreux pays seront présents à l’occasion. C’est dire toute l’attention et l’intérêt que portent les responsables à cette manifestation.
Ce faisant, ces animateurs dont l’abnégation au travail soulève l’admiration des Constantinois, espèrent sauver encore ce qui peut l'être dans la ville du Cheikh Ben Badis au passé aussi riche que prestigieux. Au risque de nous répéter, il serait utile de rappeler une énième fois qu’un site comme celui de Tiddis (Castellum Tidditanorum), situé en pleine campagne, avec ses 40 hectares de magnifiques ruines romaines, reste toujours inexploité et non mis en valeur du point de vue touristique. Une fois aménagé, ce site donnera un autre visage à l’Antique Cirta.
Abdelhak Mebarki
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Posté Le : 13/01/2024
Posté par : rachids