CONSTANTINE - Soirées animées à El Khroub: Entre glaces et brochettes

Le Khroub, localité située à une petite quinzaine de kilomètres de Constantine, connaît une animation singulière en cette période et, est devenue avec les années, le lieu de rencontre des noctambules de tous bords.

A 23 heures passées, alors que l’on dort dans les chaumières du Vieux Rocher, l’avenue principale de l’ancien Khroub, voit se former une longue file de voitures dont certaines arborent l’immatriculation de wilayas limitrophes, à l’exemple d’Oum El Bouaghi et Mila.

Selon Abdelhamid, qui habite la cité des 1013 logements depuis trente ans, cet état de choses tient à deux facteurs principaux: «En premier lieu, la concentration de restaurants de brochettes et de vendeurs de glaces sur l’avenue principale et les quartiers qui y sont mitoyens. Ensuite, il y a cet état d’esprit particulier qui caractérise les Khroubis, qu’ils soient de souche ou d’adoption, et qui fait qu’à la belle saison, tout le monde se retrouve dehors, après dîner pour prendre un thé ou tout simplement flâner dans l’avenue principale.

L’effet d’entraînement a fait le reste et les citoyens des autres localités, attirés par l’ambiance, sont de plus en plus nombreux à passer leurs soirées dans cet endroit.»

A l’ancien village, il est bien difficile de trouver des places de stationnement. Les restaurants, n’ayant pour la plupart pas chômé durant le mois du ramadhan, ont remis le couvert pour cette deuxième partie de l’été, en témoigne l’empilement de brochettes de viande, de foie d’agneau ou d’escalope de dinde trônant à l’intérieur des comptoirs frigorifiques placés ostensiblement sur les trottoirs.

Ainsi, chacun des restaurateurs s’évertuera à attirer le maximum de clients, le tout dans un bon esprit: «Il y a certes de la concurrence, mais nous sommes avant tout voisins et nous évoluons dans le respect chacun de l’autre» nous dira le propriétaire d’un restaurant coincé entre deux autres commerces de même nature.

Autre raison de l’engouement pour le Khroub comme destination nocturne privilégiée des Constantinois, les marchands de glaces, notamment le plus ancien, mitoyen des «chouaïa» les plus cotés du village, et qui connait une telle affluence que les clients doivent faire la queue et attendre qu’une table se libère avant de pouvoir déguster un sorbet.

Les autres quartiers ne sont pas en reste, notamment la populeuse cité des 1.600 logements, l’ambiance régnant au centre de la localité irradiant inévitablement vers la périphérie proche, et même s’il s’agit plutôt de quelques riverains veillant aux pieds des immeubles ou à l’intérieur des quelques cafés ouverts, on est loin du tumulte de l’avenue principale.

Nul doute que la tradition des soirées du Khroub se prolongera au-delà de la fin de l’été et de la rentrée sociale, l’automne s’annonçant des plus tièdes mais il faut reconnaître que les brochettes et les glaces y sont d’une telle saveur…


I. B.