Constantine - Scrutin du 23 novembre: Les chefs des bureaux de vote humiliés au «finish»

La fermeture des bureaux de vote après 20h ne signifie guère que la mission est terminée pour ceux qui veillent à l'organisation du scrutin. Pour certains, le plus dur ne fait que commencer, en ce moment-là, soit le comptage des voix, la confection des PV des résultats du vote dans chaque bureau et entamer ensuite le parcours du combattant pour aller les déposer au siège des communes, où tout autre lieu désigné pour regrouper les PV des résultats du vote des communes et des APW. Une véritable ruée des chefs de bureaux de vote est alors enregistrée à partir du début de la soirée vers les sièges en question, qui se transforment en arènes de combat pour se frayer un chemin vers les agents chargés du regroupement des PV des résultats. Des centaines de chefs de bureaux, hommes et femmes, se retrouvent coincés dans une cohue indescriptible, voire chaotique. Les scènes spectaculaires des bousculades, du désarroi et du dépit sur les visages de ces responsables, sont enregistrées partout à travers les communes, certaines excellant plus que d'autres dans ce désordre, bien sûr. « On croyais qu'un chef de bureau de vote devrait bénéficier de certains égards, qu'il serait surtout pris en charge en matière de transport vers les sièges des communes (ndlr, les chefs de bureaux de vote sont transportés avec les urnes dans un bus), et qu'il serait accueilli comme il se doit à ce niveau, mais on constate avec effroi que c'est le maillon le plus faible, qui ne bénéficie d'aucune considération, s'il ne subit pas les pires humiliations à l'occasion », s'indignent des chefs de bureaux qui se sont retrouvés exposés au froid de la nuit devant des sièges des communes assiégées, gardant les portes fermées et faisant rentrer à l'intérieur des chefs de bureaux au compte-goutte. « On craint des débordements à l'intérieur des sièges, c'est pour cela qu'on fait rentrer les concernés par petits groupes », explique un agent à la foule qui perd patience. Au sein de la foule, face au désordre total sur les lieux, tout un chacun veut désormais passer le premier pour se défaire du poids des PV et rentrer chez soi. Imaginez la suite quand chacun veut passer en premier pour terminer sa mission ! Les services de sécurité, de leur côté, ont dû subir tout le poids de cette désorganisation. Ils ont eu fort à faire pour retenir la masse des chefs de bureaux en dehors des locaux des sièges des communes, ou loin des agents de réception des PV des résultats du vote. Scandalisé par le spectacle, un chef de bureau ironise en lançant « voilà où en est arrivée la modernisation de l'opération des élections ! ». Ajoutant que le déroulement du vote est généralement bien organisé au courant de la journées, sans grandes difficultés, parfois cela marche comme sur des roulettes, donnant satisfaction aux autorités compétentes en charge de l'organisation du scrutin, mais personne ne se donne la peine de prêter attention au « finish », à la souffrance de ces chefs de bureaux livrés à eux-mêmes pour le reste de la nuit. Grave atteinte à l'intégrité de ces hommes et femmes qui ont passé la journée à veiller sur les urnes et qui passent la nuit debout à attendre leur tour pour déposer les PV des résultats du vote. « Pourtant, il est simple d'organiser cette phase finale du scrutin, en premier en choisissant un lieu convenable, assez vaste et avec des chaises, pour regrouper les PV. Et penser à mettre à leur service le nombre qu'il faut d'agents pour la réception des PV en question », estiment les concernés. Estimant qu'il est impératif de corriger cette défaillance du « finish » dans l'avenir, sinon plus personne ne viendrait occuper ce poste de responsabilité. Plusieurs parmi les chefs de bureaux qu'on a rencontrés lors de cette soirée mouvementée ont mis une croix sur ce « travail pénible et humiliant », jugent-ils, jurant que « pour rien au monde ils ne referaient cette expérience ».