Algérie

Constantine rend hommage à Noureddine Saâdi «Il avait le cœur qui palpitait pour l’Algérie»



Constantine rend hommage à Noureddine Saâdi «Il avait le cœur qui palpitait pour l’Algérie»
Sa ville natale, son obsession romanesque, Constantine, lui devait un hommage à sa hauteur. Noureddine Saâdi, l’écrivain de talent, l’universitaire humaniste et le militant marxiste a occupé le fronton, samedi, à l’occasion de cette rencontre-hommage organisée par la librairie Media-Plus.


Ses amis intellectuels, les compagnons de lutte de sa carrière de syndicaliste, sa sœur et ses neveux, et beaucoup l’ayant connu de près ou de loin ou seulement à travers son œuvre, ont répondu présent pour faire de l’espace de la librairie, le temps d’un après-midi, un cercle de bonnes vibrations, où Noureddine était présent. L’écrivain-journaliste Arezki Metrefa a retracé le fil de la bibliographie de Saâdi, pas très prolifique, regrettera-t-il, «bien que l’écriture était devenue fondamentale pour lui».

Quatre romans et un recueil de nouvelles pour la littérature, mais à quoi s’ajoutent des essais abordés sans tabous sur les questions de droit (sa spécialité académique) et d’autres de nature biographique, consacrées à des peintres (Korichi) et des chanteurs (Matoub Lounès et Houria Aïchi). «Tous ceux qui l’ont fréquenté savent qu’il était incollable sur presque tout : le droit, la littérature, la peinture, la musique…», dira Metref, en esquissant l’œuvre lumineuse léguée par Saâdi. «On écrit pour dire à des fantômes ce qu’on n’ose pas dire à soi même !», dira-t-il un jour à Hafid Hamdi-Cherif, son ami de longue date.

«Des mots que j’ai retrouvés des années plus tard dans Boulevard de l’abîme, et je crois que ces ombres dont il parle incarnent sa ville natale, Constantine», expliquera-t-il. Le témoignage de Hafid Hamdi-Cherif fait ressortir les traits d’un homme qui bouillonnait de l’intérieur, un homme franc et profondément intelligent.

L’évolution de leur relation née à la fin des années 1960, à la section UNEA de l’université d’Alger, permet de découvrir des facettes de Saâdi. «J’ai longtemps gardé de lui l’image d’un politicard roublard, à cette époque où le syndicat étudiant était partagé entre deux grands mouvements de la gauche algérienne (le PAGS et ce qu’on appelait “les gauchistes”)», reconnaît Hamdi-Cherif. Une image qui va s’avérer fausse, laissant place à une amitié intellectuelle qui va se construire autour de la musique, précisera-t-il.

De l’avis de tous, le respect que témoignait «Nounou» à son prochain et sa grande qualité d’écoute pouvaient abattre les préjugés et les inimitiés, y compris chez ses adversaires. «C’était un garçon d’une grande qualité humaine qui accordait beaucoup de respect à ses interlocuteurs. Quand il nous parlait, on avait l’impression d’être intelligents», souligne Metref, paraphrasant Tahar Djaout au sujet de Mohamed Mameri.

Dans son intervention, Ahmed Meliani met en exergue l’homme d’idées et de principe, aux grandes qualités d’orateur. Il évoque ses rencontres avec Saâdi, notamment au colloque sur le thème «Politique et religion», organisé en 1993 par le mouvement Ettahadi, et où Saâdi, parmi d’autres intellectuels de renom, était venu nourrir le débat sur cette problématique lancinante, à un moment où l’Algérie avait besoin de son intelligentsia pour mettre le doigt sur le mal. Mais «il n’était pas prisonnier des structures politiques», précisera Meliani, pour souligner une caractéristique marquante. «C’était un militant communiste sincère, pas sectaire, je l’ai vu indulgent avec d’autres qui ont renié leurs engagements, il avait cette intelligence du cœur qui a fait que Nounou c’est Nounou quoi !» dira à ce sujet Metref.

Dans l’assistance, c’est un ancien camarade du PAGS, Mamoun Lakehal-Ayat qui met en lumière Saâdi le militant en brossant le tableau d’un homme engagé, qui a rejoint dès son arrivée à l’université la lutte syndicale, d’abord dans les rangs de l’UNCLA et plus tard l’UNEA et le SNES, qui s’est élevé aussi contre le coup d’État du 19 juin 1965, et qui s’est impliqué dans l’ORP et un peu plus tard dans le PAGS.

«Que de combats menés pour la démocratie !» dira Lakehal-Ayat. «Il a quitté l’Algérie parce qu’il était sérieusement menacé», insiste Arezki Metref, s’élevant contre les mauvaises longues. «Il avait le cœur qui palpitait constamment pour l’Algérie. Malgré son exil en France, il était au courant du moindre fait divers, toute sa vie il a appris aux gens à aimer l’Algérie et à se battre pour elle», conclut Metref.




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