Dix mois après le massacre des martyrologes en bronze, le site continue de subir toutes sortes d’agressions, face au mutisme des autorités.
Il y a quelques jours, des émigrés constantinois vivant au Canada, revenus dans leur ville natale après une absence de plusieurs années, ont été choqués en se rendant au monument aux Morts, de trouver ce site, très prisé jadis par les touristes, dans un état déplorable.
Farid, ingénieur dans une entreprise au Québec, est catégorique: «Je n’ai rien trouvé à dire à mon épouse canadienne qui rêvait tant de voir ma ville et surtout ce monument qu’elle n’avait vu que sur les cartes postales ; c’est vraiment honteux que ce site soit dans un tel état!»
Lors d’une tournée effectuée sur site, ce dimanche, le constat est sans appel. Après les actes de vandalisme perpétrés par des bandes de truands, le 22 janvier dernier, durant le match Algérie-Tunisie, comptant pour la coupe d’Afrique des Nations, où les martyrologes en plaques de bronze portant les noms des enfants de la ville morts durant la première guerre mondiale, avaient été arrachés, le site est devenu méconnaissable.
Toutes les façades du monument aux Morts ont subi une autre agression avec ces multiples graffitis d’une insolence indescriptible, et qui n’honorent guère la ville et son histoire.
«C’est décevant qu’un monument d’une telle valeur historique pour cette belle ville soit défiguré comme ça, moi je crois qu’il faut faire quelque chose pour le protéger contre ce genre d’incivisme ; vous savez, en Europe et en Amérique, ces sites sont sacrés surtout lorsqu’il s’agit de la mémoire de ceux qui sont tombés durant les deux guerres mondiales», regrette Pauline, une touriste canadienne qui visite Constantine pour la première fois avec son mari algérien.
Par ailleurs, il faut noter que la sécurité demeure aussi l’un des soucis des visiteurs, car en dépit d’une présence plutôt discrète d’agents de sécurité, les familles constantinoises n’osent pas encore s’aventurer dans ces lieux.
Il y a à peine un mois, un incendie a ravagé une grande partie de la broussaille, située sur le côté supérieur des escaliers reliant le pont suspendu au site. Ceci sans parler des risques d’agression qui planent toujours, notamment durant les week-ends.
Il est toutefois regrettable de constater que près de dix mois après le massacre subi par les plaques commémoratives, l’APC n’a rien fait pour y remédier ou au moins rattraper les choses, alors que ses responsables avaient promis de remplacer les plaques dérobées par d’autres en cuivre ou en marbre vert «dans les meilleurs délais».
Point de marbre, ni de cuivre. Il s’est avéré qu’il s’agissait que de promesses pour calmer avec le temps la colère des citoyens. Une colère dont l’intensité s’est vite estompée.
Mais finalement, qu’en sera-t-il dans quelques mois, lorsque la ville abritera la manifestation Constantine, capitale de la culture arabe 2015?
Les autorités de la ville auront-il le courage d’amener leurs invités visiter ce site hautement symbolique pour la ville, tombé dans une déchéance scandaleuse, ceci sans parler des odeurs d’ammoniac qui emplissent des lieux transformés en pissotières mais non nettoyés depuis des semaines.
Arslan Selmane
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Posté Le : 18/11/2013
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Photographié par : Photo: El Watan ; texte: Arslan Selmane
Source : El Watan.com du mardi 12 novembre 2013