Algérie

Constantine, Lieux et histoires du vieux-rocher : Des ponts et des légendes



Vieux-Rocher magique et ensorcelant avec son panorama unique et d’une beauté à couper le souffle. Riche de ses sites antiques, témoins d’une histoire qui plonge ses racines dans la Préhistoire, il s’agit de Constantine.

Oui, ville ayant d’énormes potentialités touristiques dont la palme revient à ses ponts, à celui de Sidi M’cid par exemple, relié aux deux rives des gorges du Rhummel par des câbles suspendus à 175 m d’altitude. Au milieu et/ou au bout de la traversée, les frissons et les montées d’adrénaline sont garantis face à la magnificence du panorama et la grande majesté d’un ouvrage qui défie le temps et les coups de vent les plus violents. Transmise de génération en génération, une légende, savamment entretenue par nos parents et racontée avec détails durant les soirées hivernales, prétend qu’une dame blanche, appelée Errouhanïa, hantait (et certainement hante encore, puisque la légende continue d’être racontée !) ce pont dès la tombée de la nuit. Ils aimaient à nous raconter que tous ceux qui osaient (osent !) la défier du regard connaissaient (connaissent !) de terribles déchéances. Ils prétendaient aussi que cette dame, tout de blanc vêtue, était (est) le fantôme d’une belle et jeune autochtone qui s’était jetée dans le vide pour éviter un mariage arrangé par un père despotique. Passerelle de pierre posée entre les deux rives du Rhummel à quelques centaines de mètres du pont de Sidi M’cid, le pont de Sidi Rached reste un joyau architectural de 447 m de long. Serti de 27 arches de 70 m de diamètre chacun, il est classé au top ten des plus hauts ponts de pierre du monde. Comment ne pas être également séduit par le pont d’El Kantara ?! Bâti en 1792 sous le règne de Salah Bey sur les vestiges d’un pont romain construit par un certain Antonin, ce pont sera reconstruit par les occupants français en 1860 avant d être inauguré en 1863. Réplique à échelle réduite du pont de Sidi M’cid, la passerelle Mellah Slimane (ex-Perregaux) relie sur une longueur de 125 m la vielle ville au quartier d’El Kantara. Plus petit encore, le pont du Diable, le pont des Chutes et le pont d’Arcole dit Mdjaz El Ghanem, ne sont pas en reste dans l’arrière-plan des gorges vertigineuses du Rhummel. Autre curiosité visible à partir des ponts de Sidi M’cid et d’El Kantara, le Chemin des touristes constituait, comme son nom l’indique, le chemin de traverse incontournable permettant des incursions au plus profond des gorges et jusqu’aux grottes dites de l’ours (60 mètres de large) et du mouflon. On a utilisé l’imparfait car, depuis quelque temps, on ne se donne pas la peine d’y aller et d’y emmener des touristes, (encore faut-il déjà en trouver !) Des restes retrouvés sur place démontrent, selon Leïla Hadj Aïssa, auteur d’un ouvrage sur le musée Cirta, une présence humaine datant de l’époque paléolithique. D’après cette même source, des fossiles, des ossements d’ours et des objets retrouvés à ce niveau seraient autant d’éléments prouvant que ces grottes avaient servi de refuge ou d’habitations à des occupants correspondant à l’homme de Néandertal. En outre, la présence en ces lieux de lampes romaines et autres vestiges attestent d’une occupation plus récente. On doit à la vérité de souligner aussi la majesté du boulevard Zighoud Youcef (ex-boulevard de l’Abîme). Taillé au cœur du rocher, il offre en amont des gorges du Rhummel et en aval du sommet de Sidi M’cid (un point culminant à 785 m d’altitude) une vue panoramique dont la beauté sauvage a inspiré bien des générations d’hommes de lettres et d’artistes et séduit d’illustres hommes politiques de passage sur le Vieux-Rocher. Hélas, la ville de Constantine ne parvient toujours pas à engranger de dividendes au plan touristique, ses nombreux atouts de séduction étant bridés malheureusement par des capacités d’accueil et de prise en charge dérisoires. Bien d’autres facteurs en sont la cause, qui dépassent la ville !




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