Algérie

Constantine : les étudiants encore plus nombreux



Ils se disent "déterminés à devenir des acteurs et non plus de simples spectateurs assistant à des scenarii qui compromettent leur avenir et confisquent toute perspective d'essor pour le pays".Inlassable et tenace, la communauté universitaire de Constantine ne lâche rien et tient obstinément à ses revendications, celle du départ de toutes les figures politiques de l'ère Bouteflika mais aussi celle portant sur le refus de l'élection présidentielle prévue pour le 4 juillet prochain. Hier, pour la quatorzième semaine de mobilisation sans trêve, étudiants et enseignants ont réaffirmé leur détermination en bravant toutes sortes d'obstacles ainsi que les pressions et tentatives de division auxquelles ils font face au niveau des campus et facultés. Ils ont prouvé, une fois de plus, qu'ils sont l'incarnation d'une résistance sans faille contre un système qui a confisqué tout un pays pendant des décennies. "Plus jamais, les étudiants n'accepteront d'être à la marge de ce qui se décide en leur nom. Nous sommes déterminés à devenir des acteurs et non plus de simples spectateurs, assistant de loin à des scenarii qui compromettent notre avenir et confisquent toute perspective d'essor pour le pays, écrits par un pouvoir maffieux et incompétent", fulmine Imad, un étudiant en troisième année à la faculté de droit. Ni le jeûne ni la chaleur suffocante n'ont pu dissuader la communauté universitaire de Constantine de sortir, hier encore et plus nombreux, comparativement aux précédentes marches durant le mois de Ramadhan, pour investir le centre-ville dès midi. Les marcheurs ont emprunté l'itinéraire habituel couvert, comme à l'accoutumée, de plusieurs drapeaux de l'Algérie, portant des pancartes et des affiches en entonnant des chants et en scandant des slogans hostiles au pouvoir, notamment au chef d'état-major de l'armée qui en est devenu de facto le porte-étendard. "Makanech intikhabet maâ el îssabet" et "Dawla madania machi âskariya" ont été, encore une fois, scandés à tue-tête.
Une marche dédiée à Kamal-Eddine Fekhar
Les étudiants ont fait une halte devant la cour de Constantine où ils ont dénoncé l'emprisonnement du militant des droits de l'Homme, le docteur Kamal-Eddine Fekhar qui a rendu l'âme, hier matin, à l'hôpital Frantz-Fanon de Blida suite à une grève de la faim qu'il avait entamée il y a près de deux mois avant de l'interrompre il y a quelques jours. Il avait été, rappelons-le, incarcéré à titre "préventif" le 31 mars dernier à la prison de Ghardaïa. En colère et visiblement affligés par cette nouvelle, étudiants et enseignants ont scandé, pendant plus de quinze minutes, des slogans hostiles au pouvoir tels que "Pouvoir assassin", "Ulac smah ulac", appelant les magistrats et les avocats à se mobiliser de leur côté pour consacrer un principe fondamental de l'Etat de droit, l'indépendance de la justice en l'occurrence. Ils ont, par la suite, observé une minute de silence à la mémoire du défunt. "La mort de Kamal-Eddine Fekhar est un crime prémédité contre un militant des droits de l'Homme parce qu'il a osé dire son opinion contre un système criminel. Aujourd'hui plus que jamais, nous leur disons que notre combat est loin d'être terminé, nous ne pardonnerons jamais ces crimes, nous n'allons plus nous taire tant que ce pouvoir continuera à réprimer et tuer des hommes et des femmes pour leurs idées", dira Samir, un des étudiants rencontrés hier devant la cour de justice. Les manifestants ont, ensuite, sillonné les grandes artères de la ville, passant par le boulevard Belouizdad (ex-Saint-Jean) où ils ont également observé une halte devant le pôle judiciaire spécialisé de Constantine, avant de reprendre leur chemin vers l'université.
Ines Boukhalfa


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