Constantine : Les espaces verts sacrifiés

Photo : Slimene S. A. Peut-on, au nom du développement économique ou urbain, sacrifier les maigres espaces verts qui ornent une ville comme Constantine' Pourtant les rares jardins publics qui existent sont très fréquentés par une population qui étouffe de plus en plus. La dernière manœuvre des engins de la société italienne chargée du projet du tramway a causé un grand émoi au sein de la population Constantinoise. Connu pour sa tranquillité et pour ses plantes et arbres, le joli et petit square qui longe la rue Kadour Boumedous a été partiellement rasé, il y a quelques jours. Un spectacle désolant surtout pour les habitants des quartiers du Ciloc et de Belle Vue qui ont pris l'habitude d'emmener leurs familles et leurs enfants respirer l'air dans ce lieu. Beaucoup d'entres-eux se posent la question si ce drame contre la nature est vraiment nécessaire, d'autant plus que le quartier dispose de larges trottoirs qui peuvent très bien àªtre utilisés à  la place de leur jardin : «J'emmenais souvent mes petits enfants jouer ici, maintenant c'est fini. Je ne comprends pas pourquoi ils se sont précipités et ont détruit notre jardin, je crois qu'il y avaient d'autres solutions» s'est désolé un sexagénaire. Reste maintenant à  savoir si le cahier de charges a été réellement respecté, huit mètres de ce jardinet ont été accordés à  la société italienne nous dit-on, et du côté des associations de la protection de l'environnement, on surveille de très près le chantier de peur que les engins ne détruisent ce qui reste, c'est-à-dire la partie supérieure. Pour le président de l'association APNE (association pour la protection de la nature et de l'environnement) M Sbihi, l'abattage des arbres et la suppression des espaces verts à  cause du projet du tramway initialement programmé, ont déjà occasionné depuis son démarrage beaucoup de dégâts. Sur le tronçon de la route qui relie le centre ville à  l'aéroport par exemple, pas moins de 85 arbres tous datant de l'époque coloniale ont été abattus, même si cette action a été inscrite dans le cahier des charges. Mais, selon lui, beaucoup d'anomalies ont été enregistrées, la dernière en date concerne les travaux du remblai de sable qui a été déversé sur des jeunes arbustes fraîchement implantés. Il est à  signaler aussi que lors des travaux de terrassement à  Ain El Bey, l'amas de déblai a été jeté dans la rivière près du quartier El Nakhil. Concernant le square Kadour Boumedous M Sbihi nous dira qu'il n'est pas contre ce chantier mais il faut néanmoins réfléchir à  compenser au maximum les espaces verts perdus, et trouver à  l'avenir d'autres solutions pour éviter de telles opérations. Par ailleurs, et dans le cadre de la journée mondiale de l'arbre le 21 mars, une vaste campagne de plantation d'arbres et de sensibilisation sera menée dès aujourd'hui par l'APNE en collaboration avec la mairie de Sidi Mabrouk et ce, jusqu'au 21 mars. L'opération ciblera dans un premier temps les écoles et les mosquées pour àªtre vulgarisée ensuite dans le reste des quartiers de Sidi Mabrouk. Selon M. Sbihi, cette campagne aura pour but d'attirer l'attention du citoyen sur le respect de  l'environnement : “Les gens vont directement participer avec nous pour planter des arbres mais aussi pour nettoyer leur propre quartier”￾, nous explique-t-il.