Algérie

Constantine, Le poisson de toutes les pontes



Les saisons se suivent et se ressemblent à Constantine, où les trois mois de l’été sont très parcimonieux en matière de poisson.

Cette « pénurie » justifie donc les prix prohibitifs pratiqués par certains revendeurs de poisson, ayant le monopole de cette denrée très prisée en cette période de l’année. Seule la sardine arrivée d’Oranie trône sur les étals de la poissonnerie centrale du marché Boumezzou, au centre-ville où elle est cédée à raison de cent vingt dinars le kilogramme. C’est donc la portion congrue tant sur le plan de la quantité que sur celui de la qualité. Mais avant de jeter un rapide coup d’oeil sur les étals des poissonniers, commençons par le marché quotidien du poisson à Constantine. Ce dernier se tient à proximité du marché Boumezzou entre quatre et six heures du matin. C’est là que se font ou se défont les prix. Vendeurs et acheteurs arrivés de partout vont se retrouver deux heures durant pour discuter les prix. Sur les étals à partir de sept heures du matin, le client pourra faire ses premiers achats.

Tout au long de ces derniers jours la sardine se paie la part du lion et seuls quelques autres poissons tentent une concurrence bien timide. Un petit lot de crevettes roses vendues à 600 dinars, du petit merlan à 500 dinars, des marbrés, de la «bouga» dont les prix oscillent entre 150 et 180 dinars. C’est donc à cela que se résume toute la poissonnerie à Constantine. Toute cette sardine arrive de Beni Saf, Ghazaouet et Mostaganem, Oran ne constituant qu’un très faible quota dans cette catégorie de poisson. Comment donc expliquer cette absence de variété ? Un jeune vendeur, bien introduit dans ces milieux très fermés de la revente de poisson à Constantine, nous informe qu’en cette période de l’année, les pêcheurs sont obligés par la loi de «désarmer», c’est-à-dire de ne plus pêcher de poisson blanc afin de permettre la reproduction. C’est une règle halieutique universelle. De juin à septembre, c’est donc la relâche mais cette trêve n’est pas respectée par tous les pêcheurs. Certaines wilayas, précise notre interlocuteur, observent minutieusement cette règle. D’autres par contre n’ont aucun scrupule à continuer la pêche en dépit des normes précitées. C’est le cas de Skikda qui ne s’arrête jamais. Sans aucun respect de cette période des pontes et de la reproduction.

Tous ces poissons blancs qui arrivent sur les étals sont en quelque sorte le produit d’une pêche prohibée. Mais nous sommes souvent obligés d’acheter cette marchandise, les clients voulant autre chose que la sardine. Pour ce qui nous concerne personnellement, nous nous déplaçons chaque jour à Skikda, généralement pour acheter notre quota. Si vous voyez des daurades, merlans, rougets, lotte, baudroie, moustels, thon, bonite ou rascasse sur nos étals, sachez que cette marchandise ne provient pas d’une pêche entièrement légale et que ce poisson a été pêché dans des conditions qui frisent le braconnage maritime. Mais là encore nous n’avons pas le choix.




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