Constantine - La m'laya noire, toute une histoire

« Nous voulons faire connaître l'histoire de la m'laya noire qui a joué un rôle non négligeable dans la résistance des Constantinoises, mettre en valeur son histoire épique auprès de nos hôtes arabes et étrangers qui viendront participer à la manifestation, ‘Constantine capitale 2015 de la Culture arabe' », nous a déclaré, hier, Mme Benlahrèche Rahima, présidente du bureau de wilaya des femmes retraitées qui prépare une manifestation originale pour la journée de demain 4 juillet.

Manifestation pleine de symboles où ce voile noire, typiquement constantinois, sera à l'honneur.

Notre interlocutrice nous a expliqué hier que l'initiative qui vient de susciter un grand engouement auprès d'une certaine frange de la population avide de connaître les éléments constitutifs de l'histoire culturelle de la ville, vise aussi à remettre bien en place, dans l'histoire de Constantine, ce fameux voile noir porté comme un emblème par les Constantinoises, depuis l'époque de Salah Bey.

Il s'agira aussi, selon elle, d'expliquer aux nouvelles générations que ce voile ne constituait pas uniquement un simple morceau d'étoffe destiné à cacher la pudeur des femmes, mais qu'il était devenu, au fil du temps et de l'histoire résistante de la ville, un symbole de combat.

«La dignité et la pudeur de nos femmes étaient mieux préservées par la m'laya que par tous les voiles actuellement à la mode, fera remarquer Mme Benlahrèche. Il faut donc perpétuer cette tradition de dignité et la faire connaître aux autres. A cet égard, il faut que les jeunes filles et les femmes d'aujourd'hui sachent que leurs mères peut-être, leurs grand-mères sûrement, ont utilisé efficacement la m'laya pour convoyer les armes destinées aux fidayines, soustraire ces derniers aux recherches et les aider à se déplacer d'un point à l'autre, sans se faire repérer, afin d'exécuter des opérations de combat, etc».

Aussi, par nostalgie sûrement, mais aussi par souci de l'authenticité, de la culture et de l'histoire, les concepteurs de cette idée ont choisi la date symbolique de la célébration de la fête de l'Indépendance et de la Jeunesse, le 5 juillet prochain, pour lancer leur initiative.

Cette dernière va s'exprimer par un rassemblement de femmes voilées de la célèbre m'laya noire qui sera organisée à l'esplanade de la «Brèche», un autre lieu hautement symbolique de l'histoire de la ville où un certain jour de l'année 1837, l'armée coloniale française était parvenue à vaincre la résistance farouche des Constantinois en ouvrant, au canon, la brèche par laquelle se sont infiltrées les troupes du général Damrémont, cet officier supérieur qui fut tué la veille même de cet évènement, sur l'actuelle place de la «Pyramide», par un boulet de canon des défenseurs de la ville.

Toutes ces dates symboles ont été retenues par Mme Benlahrèche qui a lancé, hier, un appel sur les ondes de la radio régionale, aux rares femmes continuant encore à sortir voilées de la célèbre m'laya , les invitant à participer à un autre geste symbolique destiné à faire la jonction entre le présent et le passé: former une délégation pour aller accueillir le représentant du gouvernement, M. Amar Tou, ministre des Transports, qui sera sûrement demain, comme prévu, l'hôte de la ‘ville des ponts' pour inaugurer la mise en service commerciale du tramway constantinois.

Les retraités, femmes et hommes, du bureau de wilaya de la CNR, prévoient également une cérémonie à la maison des syndicats ‘Abdelhak Benhamouda' pour honorer les participante à cet évènement et la journée sera clôturée par un gala artistique au Centre culturel ‘Benbadis' qui sera animé par une troupe des ‘Aissaoua', un autre symbole culturel de la ville de Constantine.