Elle eut l’ineffable chance d’avoir eu un père qui avait le militantisme dans les gènes.
Bien avant le déclenchement de notre glorieuse révolution leur maison était ouverte à tous les érudits de l’époque, dont la plupart étaient des membres de l’association des ulémas musulmans.
Elle était cette petite fille intelligente et comblée, qui ne se lassait pas d’écouter tout ce qui se disait, et que les adultes oubliaient de renvoyer…Nous parlions de Mme Leïla Sedira, née Belakehal Bent Laroussi.
C’était ainsi qu’on dénommait son père, un disciple du cheikh Abdelhamid Benbadis; un père tellement atypique, tellement en avance sur son temps…Il était si heureux et si fier de ses huit filles!
La voix pleine d’émotion, son beau visage illuminé de tendresse, Mme Leïla évoque pour nous cette période si douloureuse, mais aussi, -paradoxalement-, bénie, auprès de parents qui n’avaient pas eu de garçons, mais qui, pourtant, avaient profondément aimé leurs filles; ils les avaient envoyées à l’école, inscrites au mouvement scout, et surtout responsabilisées très tôt, ce qui était presque une hérésie à cette époque.
Tout était donc là pour que cette âme exaltée trouve matière à s’imposer, à prendre très tôt conscience de la misère et de l’injustice auxquelles faisaient face les Algériens.
C’est au lycée Laveran (aujourd’hui El Hourya), qu’elle fit personnellement les frais d’une odieuse discrimination et réalisé l’état de colonisé dans toute son horreur.
«Curieusement, c’est l’école française qui m’a incitée à combattre le colonialisme; le nationalisme hantait tous les membres de notre famille, et notre maison était un refuge fidèle pour les activistes de 1955 à l’Indépendance», relate-t-elle.
En 1956, encore adolescente, elle se jette corps et âme dans le combat. Elle devient un agent de liaison entre l’ALN et l’OCFLN, chargée du courrier, ravitaillement (médicaments et autres), de l’acheminement des armes, des déplacements des « frères » (de la Wilaya II, Mintaka V).
Sa sœur, Nafissa Belakehal, tombe au champ d’honneur (une école au Coudiat porte son nom), et plusieurs de ceux qui venaient chez eux, dont Hamlaoui, Horchi Slimane dit Lasso, Amar Bouakkez, Reguig, Meriem Bouattoura, Louiza Debbah et tant d’autres…
«Je ne saurais occulter l’immense sacrifice de mes nombreux autres frères de combat, dont le dévouement pour le pays n’est pas à prouver», relève-t-elle.
Elle fait à peine allusion aux arrestations successives, en 1957, 1958, 1959, et à la torture qu’elle subit par, entre autres, les sinistres Bérets noirs.
A l’Indépendance, cette militante infatigable reprend le flambeau. Outre ses innombrables activités, elle est membre fondateur de l’UNFA, de la fondation Benbadis, membre élue du Conseil national…
Le 8 Mars pour elle est «une halte pour faire un bilan afin d’avancer, rectifier les erreurs, enrichir ce qui est positif».
Elle émet le vœu que «les jeunes retrouvent confiance en leurs aînés et soient fiers de leur Histoire», que tous «nous soyons fidèles à la mémoire de nos glorieux martyrs», que «nous ne trahissions pas leur rêve, celui d’une Algérie belle et prospère»!
Farida Hamadou
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Posté Le : 07/03/2012
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Ecrit par : Farida Hamadou
Source : El Watan.com du mercredi 7 mars 2012