Constantine - Journée du FIDA: Une célébration dans une atmosphère de désunion

La commémoration de la «Journée du Fida» est attendue chaque année à cette date du 28 avril par les moudjahidine de Constantine parce que celle-ci leur offre l'opportunité de se rencontrer et se remémorer «les années de feu» qu'ils ont vécues pour libérer le pays. «Se rencontrer au moins une fois avant de mourir», nous a lancé hier un moudjahid qui sait qu'il ne lui reste pas beaucoup d'années à vivre avant de rejoindre ses compagnons d'armes tombés au champ d'honneur durant cette période.Mais en cette année 2018, le moins qu'on puisse dire est que les moudjahidine de Constantine ont commémoré hier la «Journée du Fida» dans la désunion, à cause des luttes intestines qui se déroulent autour du contrôle du secrétariat de wilaya de l'organisation. «Ce qui fait que cette instance, qui prenait annuellement sur son compte l'organisation de l'évènement, n'a pas été impliquée dans la préparation de la manifestation d'hier. Ce fut donc l'association historique et culturelle du 2O août 1955, présidée par M. Hamoudi Kracha, qui a préparé cette édition en collaboration avec des représentants au sein du conseil de wilaya des moudjahidine», nous a expliqué M. Abdallah Chetioui, membre chargé de l'organique au secrétariat de wilaya qui a participé à la préparation et au déroulement des cérémonies de commémoration qui se sont déroulées hier à la salle Benbadis de l'université des sciences islamiques Emir Abdelkader de Constantine (USIC). Ce responsable a signalé que le wali qui avait participé au cérémonial de recueil et dépôt de gerbe de fleurs au carré des martyrs sur la route de Aïn Smara, ne s'est pas rendu ensuite à l'USIC pour assister, comme à l'accoutumée, au reste du programme de commémoration. Notons aussi que l'évènement a coïncidé également avec le 57e anniversaire de la mort au champ d'honneur du chef de la Mintaka V, Messaoud Boudjeriou, le 28 avril 1961.
Des invitations ont été lancées par les organisateurs aux moudjahidine des wilayas de l'Est et nombreux ont été ceux qui ont répondu présent en garnissant les travées de la grande salle Benbadis de l'USIC. Et parmi les assistants, nous avons pu rencontrer quelques anciens fidayine de Constantine qui ont participé directement aux actions de la guérilla urbaine dans la ville des ponts conduites de 1955 au 19 mars 1962. «La dernière opération du Fida que nos combattants ont exécutée dans la ville de Constantine s'était déroulée plus exactement le 19 mars 1962 à 11h45», nous dira à ce propos la moudjahida Fadéla Manaa, assurant que les opérations menées durant cette époque ont dépassé le nombre de 2.000, dans la seule ville de Constantine. «Elles étaient menées avec une telle intensité que l'on a dénombré la centaine et plus en une seule journée». Daoudi Nacereddine, le frère du célèbre fidai constantinois Daoudi Slimane, plus connu sous le nom de Hamlaoui, que nous avons rencontré dans la salle, s'est demandé pourquoi ce héros n'est pas connu de la génération actuelle.
«Pourquoi ne ferait-on pas des campagnes dans les établissements scolaires parmi les écoliers, les collégiens et les lycéens pour le faire connaître '», s'est-il interrogé. Approuvé par de nombreux moudjahidine présents, son interrogation pose la question, toujours lancinante, de l'écriture de l'histoire de la Guerre de libération, nous ont-ils dit.