Le rapport Simecsol avait conclu que 15.000 habitations abritant 100.000 personnes sont menacées, et pas moins de 1.790 constructions individuelles et collectives condamnées à la démolition.
Nous sommes en 2014 et le wali, M. Hocine Ouadah, a décidé qu’il est urgent d’engager une expertise sur le phénomène des glissements de terrain qu’il a dû constater de visu sur le corps blessé de la ville de Constantine.
Jeudi dernier, il a même intimé l’ordre à son personnel de saisir «immédiatement» le Centre national de recherche appliquée en génie parasismique (CGS), afin d’établir l’expertise, sans quoi, on ne peut «apporter les solutions adéquates».
Hocine Ouadah qui a suggéré, il y a quelques mois, de faire le deuil des 600 logements Cnep en attente d’attribution depuis 15 ans à Boussouf, n’ignore sans doute pas que l’Etat n’a pas attendu 2014 pour s’attaquer au phénomène. A moins que ses cadres lui cachent le rapport Simecsol et les nombreux travaux universitaires consacrés au sujet depuis 1972.
Depuis que l’Etat a décidé de prendre le taureau par les cornes et s’attaquer au phénomène, beaucoup a été fait pour diagnostiquer la situation, mais rien n’a été fait pour apporter les solutions.
L’étude confiée à un bureau d’étude français EEG-Simecsol contre la somme de 106 millions de DA avec un taux transférable en devises de 40%, a été, sans conteste, le point culminant de cet effort national.
Le rapport rendu début 2005 a glacé le sang chez beaucoup et créé de sérieuses frayeurs: 12 zones étalées sur environ 120 ha sont affectées ; 15.000 habitations abritant 100.000 personnes sont menacées.
Pas moins de 1.790 constructions individuelles et collectives sont condamnées à la démolition.
Des sites comme Boussouf et Aouinet El Foul sont déclarés inconstructibles.
L’horreur !
L’administration panique et s’entend avec les élus pour mettre sous le coude ce rapport qui menace directement le marché de l’immobilier et la notion de propriété. Toutefois, des habitants du quartier Belouizdad sont évacués manu militari de sites où vont naître des parkings.
Vient un nouveau wali, Abdelmalek Boudiaf, qui décide en 2006 de balayer d’un revers de la main l’étude française.
«Il n’existe pas de glissement de terrain à Constantine !» avait-il décrété.
La nouvelle «vérité» chasse l’étude scientifique: des réseaux endommagés d’adduction d’eau et d’assainissement sont à l’origine de l’instabilité du sol, impose-t-il.
Amen ! Dossier classé…jusqu’au départ de Boudiaf en 2010.
Son successeur, Noureddine Bedoui a du mal à fermer les yeux, cependant, sur les dangers incontestables, liés au phénomène. En 2011 et sans déroger à la règle du déni des conclusions du rapports Simecsol, il commande une contre-expertise au Laboratoire national de l’habitat et de la construction (LNHC). Un travail dont les résultats n’ont pas été rendus public à ce jour.
Entre-temps, les causes nombreuses du glissement du sol, liées à l’œuvre de l’Homme, n’ont jamais été sérieusement ciblées. De nombreux lotissements anarchiques, prolifèrent impunément, notamment à Boussouf, déclaré pourtant zone rouge.
L’eau continue de couler au grand dam de l’Etat et des habitants désespérés de l’incompétence de la Seaco. Voir s’effondrer une partie du boulevard de l’Abîme et la fermeture du site depuis plus d’une année n’est qu’une méprise supplémentaire infligée à l’orgueil des Constantinois.
Un orgueil refoulé par la force de 15 ans de manœuvres et de fausses promesses.
Alors, M. Ouadah, de grâce, n’en rajoutez pas !
* Photo: A Boussouf, 600 logements ont été bâtis sur un terrain glissant.
Nouri Nesrouche
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Posté Le : 30/03/2014
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Photographié par : Photo: © El Watan ; texte: Nouri Nesrouche
Source : El Watan.com du dimanche 30 mars 2014