Pour soi-disant améliorer la qualité de ses services, la commune de Constantine s’est déchargée progressivement de ses attributions en les déléguant à des entreprises communales créées sous la forme d’EPIC (Etablissements publics à caractère industriel et commercial).
Mais cette mutation s’est faite manifestement à la hussarde et sans maturation à même de protéger les intérêts de la commune, donner les garanties nécessaires à la pérennité de ces nouvelles entreprises, et in fine, offrir aux citoyens une meilleure prise en charge de son cadre de vie. Il en est ainsi du financement de ces EPIC, qui grèvent lourdement le budget communal et échappent surtout au contrôle de l’Assemblée populaire communale, placée entre le marteau des walis successifs de se soumettre à ce plan, et l’enclume de sa propre incapacité à réussir la moindre initiative.
D’autant plus que cette «restructuration» ne tient pas encore ses promesses en termes d’impact sur la qualité de service. Car ni l’EIPC chargée du ramassage des ordures (Propco), ni celles chargées des espaces verts (Edevco) et de l’éclairage public et voirie (Evepco) et encore moins l’Office chargé de la promotion culturelle et artistique, ne présentent des bilans solvables.
Dans cette situation de naissance et de fragilité du «bébé» et de sa génitrice, les aberrations ne manquent pas d’interroger des observateurs. Il s’agit notamment des salaires mensuels jugés excessifs que se sont octroyés les gestionnaires de ces entreprises. Des salaires qui dépassent les 270.000 DA pour certains, soit cinq fois le salaire d’un cadre administrateur employé dans les structures de la commune. Et souvent, ce dernier dispose d’un CV largement supérieur au premier.
Le fossé né entre les deux catégories ne manque pas de perturber les relations de travail et de démobiliser les uns.
Dans les couloirs de l’Hôtel de Ville, les cadres administrateurs ne veulent plus demeurer dans ces positions sous-payées et revendiquent désormais des postes au sein de ces EPIC. Mais l’enjeu a été saisi au départ par les directeurs d’EPIC qui ont vite fait de recruter parmi les parents et les amis, une démarche qui a d’ailleurs suscité la réaction de l’actuel wali, Kamel Abbes, qui a retiré la prérogative aux directeurs.
Les salaires mirobolants reposent en outre sur une mauvaise interprétation de la circulaire du ministère du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité sociale, la circulaire n°001 du 15 août 2015, modifiant et complétant celle du 11 décembre 2007 fixant les modalités de détermination des rémunérations de ces cadres. Rémunérations composées d’une partie fixe et d’une partie variable. La première tient compte, entre autres, des qualifications du dirigeant principal, ou encore «du niveau général des rémunérations des cadres dirigeants de rang équivalent.»
La même circulaire, utilisée comme référence dans le cas présent, souligne que «le respect de ces critères vise à harmoniser le classement des organismes et entreprises concernés et éviter ainsi des situations de disparités injustifiées».
Par ailleurs, la composante variable de cette rémunération est «déterminée en fonction du niveau de réalisation des objectifs, tant physiques que financiers, fixés par le conseil d’administration ou d’orientation et qui ont obtenu l’approbation expresse du ministère de tutelle».
Ces conditions sont-elles respectées dans le cas de la commune de Constantine?
Non, répondent séparément un élu et un cadre administrateur interrogés par El Watan. Ces EPIC, dont les conseils d’administration sont présidés par le maire, ne rendent pas compte en général de leurs activités et agissent sans le moindre contrôle.
Nouri Nesrouche
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Posté Le : 29/06/2017
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Ecrit par : Nouri Nesrouche
Source : elwatan.com du jeudi 29 juin 2017