Constantine croule sous les ordures

Le bras de fer opposant les quelque 1 000 agents de collecte des ordures ménagères de l'entreprise publique communale de l'hygiène et de l'assainissement dépendant des services de la commune de Constantine, l'Epic Propco, avec la direction ne semble pas connaître son épilogue. En effet, la grève des agents de nettoiement entame sa deuxième semaine. Une situation qui intervient en pleine crise sanitaire de coronavirus et au moment où Constantine enregistre une hausse des contaminations. En effet, ce mouvement de débrayage survient, selon les protestataires, pour dénoncer la gestion anarchique des responsables de l'administration qui font fi des droits les plus élémentaires des travailleurs. Parmi les problèmes soulevés par les contestataires, le manque des équipements nécessaires pour s'acquitter de leur tâche, tels que les uniformes de protection, notamment en ces temps de crise sanitaire, le retard flagrant enregistré dans l'application d'un accord conclu, il y a plus d'une année, avec l'administration, pour accorder aux employés de l'entreprise une prime de quatre jours par mois, l'absence de la prise en charge médicale des agents en cas d'accident de travail, le non-paiement de la prime Covid-19 décidée par le président de la République à cette catégorie depuis son instauration et l'absence de la prime de rendement. Ils revendiquent également la revalorisation de la prime de transport fixée à 200 DA.Les travailleurs déplorent aussi l'état lamentable dans lequel se trouve le matériel du parc de l'entreprise, en raison de la défaillance de plus de 43 engins, ce qui oblige des agents à travailler avec 7 engins uniquement. "Malgré toutes les réclamations, l'administration continue d'ignorer les revendications des travailleurs, notamment celles liées à l'amélioration des conditions de travail, nous avons essayé à plusieurs reprises de communiquer avec la direction, mais aucune réponse ne nous a été donnée. Les conditions de travail sont lamentables, nous travaillons sans aucune protection, nous sommes livrés à nous-mêmes et nous ne bénéficierons d'aucune prime. Même la prime de transport n'est pas suffisante, surtout que la plupart des employés habitent loin de la ville", dira Mohamed, le représentant des employés grévistes.
Notre interlocuteur affirme que le mouvement de grève se poursuivra jusqu'à la satisfaction de toutes les revendications. Face à cette grève qui a transformé la ville de Constantine en une vraie décharge publique à ciel ouvert et face aux multiples réclamations des habitants de plusieurs cités et quartiers, à l'instar de ceux de Bab El-Kentra qui ont procédé à la fermeture de l'entrée de leur cité à l'aide de bacs-poubelles, les responsables de l'APC de Constantine ont décidé de réquisitionner plusieurs entreprises publiques communales, à savoir l'Entreprise publique communale d'aménagement et d'entretien des espaces verts (Edevco), l'Entreprise publique communale de l'entretien des routes et de l'éclairage public (Evepco), l'entreprise Sopt. Ils ont aussi mobilisé des dizaines de travailleurs de la commune, afin de procéder à l'enlèvement des déchets ménagers avant la fête de l'Aïd el-Kébir, indique un communiqué rendu public, hier. Par ailleurs, nous avons tenté de joindre le P/APC de Constantine pour plus d'explications, mais toutes nos tentatives sont restées vaines.
Ines Boukhalfa