Les règles d’architecture et d’urbanisme sont chaque jour violées à Constantine. Mais il existe des cas qui transgressent la loi de la banalité et s’érigent en modèle d’absurde et de corruption des pouvoirs publics locaux.
L’affaire Meghlaoui, dont El Watan s’est fait l’écho en novembre 2014, en fait partie. Tout a commencé en 2012, quand Meghlaoui Ouarda, propriétaire d’un bureau d’études, a lancé des travaux de construction au niveau de la rue Horchi Slimane à Sidi Mabrouk, en transgressant les conditions techniques mentionnées dans le permis de construire.
Au lieu de s’arrêter au niveau R 2, le bâtiment neuf poursuivit son ascension. Ce qui a provoqué l’ire des riverains qui refusent que leur quartier soit massacré. D’où une démarche d’opposition engagée d’abord avec les services de la commune, en tant que premiers responsables de l’urbanisme et ensuite auprès des tribunaux. Beaucoup d’infractions ont été enregistrées par l’expert que les riverains ont désigné. La propriétaire du chantier a exploité toute la surface du terrain et même le trottoir.
Pourtant, selon la loi, le propriétaire doit réaliser des constructions sur seulement 60% de la surface de son terrain. Actuellement, le bâtiment est au 6è étage et ce n’est pas fini.
«C’est un délit de construire une telle bâtisse dans un tel endroit.
Cela va éclipser le soleil et toute la vue d’en face, en plus je n’ai plus d’intimité car la construction est de grande hauteur et elle est située à proximité de ma maison», a déclaré Nadir Cheriet, habitant du quartier.
Le silence des autorités face à ces dépassements flagrants suscite la colère et les suspicions des riverains.
«La situation est devenue scandaleuse, la loi n’est plus respectée par ce genre de personnes. Nous demandons l’intervention du DGSN, car d’après nos sources il y a des cadres hauts placés qui sont derrière ça», fulmine M. Cheriet, qui est aussi représentant des habitants de ce quartier.
Complicités
Les habitants se demandent aujourd’hui qui est capable de faire face à ces gens et qui pourra les empêcher de détruire ce beau quartier.
«J’ai saisi toutes les autorités concernées mais en vain, j’ai l’impression qu’il y a des personnes derrière cette dame et qui la protègent au détriment de la loi», explique notre source.
L’absurde a commencé par la disparition du dossier technique du projet. Comme par hasard ces documents ont disparu de tous les services d’archive de la commune, de la direction d’urbanisme et de construction (DUC) et même du service d’archive au niveau de la direction de la Protection Civile.
Cette disparition a eu lieu suite à la première visite de l’agent technique de la commune, sur chantier. Ce dernier s’est rendu sur les lieux, après les plaintes des habitants concernés, pour faire un constat des travaux réalisés et les comparer avec les plans. Dans ce dossier on peut trouver le permis de construire n° 1212/2012, signé par l’ancien maire Abdelhamid Chibane, mais il faut noter aussi que ce dossier est incomplet, car il ne contient pas le nombre des étages.
C’est à ce moment que la complicité des autorités commence. La commune a établi une note datée du 22 octobre 2014, n° 880 /2014 pour arrêter les travaux. Depuis elle n’a pas voulu suivre l’affaire.
«J’ai saisi les services techniques de la commune ce lundi et ils m’ont répondu qu’ils ne peuvent rien faire. Ils ont accompli leur tâche et ils ont envoyé plusieurs rapports au maire, maintenant c’est à lui d’agir. La balle est dans son camp. Le maire a toutes les prérogatives pour réquisitionner la force publique et démolir la construction, qu’attend-il?» s’interroge notre interlocuteur.
Qui peut les arrêter ?
Mais qu’attend le maire? Que la construction devienne un fait accompli? L’idée est plausible, mais le problème des riverains ne s’arrêtera pas au niveau de la commune de Constantine, car même au niveau des services de police, il y a eu des comportements inexplicables, si ce n’est … car à plusieurs reprises, les brigades mobilisées pour intervenir contre le propriétaire du chantier, rebroussent chemin suite à des coups de fil venus de la hiérarchie! Le représentant des riverains a même donné le nom d’un officier de la sureté de wilaya que nous ne pouvons livrer ici faute d’avoir pu vérifier. Et quid de la justice?
Après plusieurs plaintes déposées et les différents jugements exécutoires contre Meghlaoui (dont nous détenons des copies) pour arrêter les travaux, la propriétaire a accéléré la cadence des travaux afin d’imposer aux riverains et même aux autorités cette verrue en plein Sidi Mabrouk.
Un expert, désigné par le juge chargé du foncier en date du 26/01/ 2015 avec un jugement n° 2014/6383, afin de faire une prospection des lieux et faire son rapport, s’est fait insulté et renvoyé le 9 mars 2015 par le promoteur qui n’est autre que le mari de la propriétaire, et le véritable patron de toute cette entreprise.
Le 22 mars 2015, le même expert s’est déplacé encore une fois sur le chantier avec les éléments de la force publique, mais il n’a pas pu entrer. La police de l’urbanisme a établi en minimum 5 rapports, envoyés au chef de sûreté de wilaya. Sans suite.
A la fin, le tribunal chargé du foncier s’est déclaré incompétent dans cette affaire de foncier! Il y a de quoi rester perplexe et s’interroger sur la personne vers laquelle ces pauvres habitants doivent s’orienter?
Yousra Salem et Nouri N.
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Posté Le : 14/05/2015
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Photographié par : Photo: lemoniteur.fr ; texte: Yousra Salem et Nouri N.
Source : elwatan.com du jeudi 14 mai 2015