Algérie

Constantine



Constantine
L'enquête en cours établira s'il y a un réseau de soutien, des complices ou des personnes qui ont aidé le terroriste dans la préparation et surtout l'exécution de l'attentat.Au lendemain de l'attentat-suicide avorté, à proximité d'un commissariat, Constantine a durci son dispositif de sécurité. En effet, l'attaque, revendiquée hier par Daech, selon le site Aamaq, a ciblé le 13e arrondissement de la sûreté urbaine, située dans le quartier de Bab El-Kantara. La sécurité a été renforcée car, d'une part, Constantine a toujours été épargnée jusqu'ici par les attentats à la ceinture explosive, même durant les années 1990. Et par ce que, d'autre part, il s'agit du premier attentat-suicide "avorté" auquel on a eu affaire au niveau national depuis plusieurs années. Le dernier remonte à 2011. Il a impliqué, rappelons-le, le terroriste Abdelkahar Belhadj, le fils de l'ex-numéro deux du Front islamique du salut (ex-FIS), et qui a été abattu par les services de sécurité, avec deux autres kamikazes, à une soixantaine de kilomètres d'Alger, alors qu'ils se préparaient à commettre un attentat-suicide.La ville sous haute surveillanceHier, la ville de Constantine était quadrillée. Un dispositif sécuritaire impressionnant a été mis en place. Policiers, gendarmes et même des démineurs ont été mobilisés dès dimanche soir. Les barrages ont été intensifiés au niveau de tous les accès de la ville. Le trafic était systématiquement détourné vers El-Khroub ou Aïn S'mara, ce qui a provoqué des embouteillages sans précédent. Ceci alors que tous les 15 mètres, un policier, conforté par un gendarme, était posté. La vigilance est extrême. Autour des édifices publics et des institutions névralgiques, dont les commissariats, il était loisible de constater que le dispositif sécuritaire est de loin plus important que durant les jours précédents. Parallèlement à cela, plusieurs opérations de ratissage sont effectuées, depuis la nuit du dimanche à lundi, notamment dans les quartiers connus comme étant des fiefs des groupuscules armés qui activaient dans la région durant la décennie noire et qui y activeraient aujourd'hui encore. Il s'agit, entre autres, des cités Zaouech, Benchergui, Bekira, ainsi que sur les hauteurs de Djebel El-Ouahch où les ratissages et autres opérations militaires sont quasi quotidiens.Le terroriste a-t-il bénéficié de complicités 'Selon des témoignages recoupés, le kamikaze, auteur de l'attentat manqué contre le commissariat, est un jeune homme d'une trentaine d'années. Il était vêtu d'une veste beige et d'un jean. Il se dirigeait vers le commissariat et avait l'air nerveux lorsque le policier, qui est en faction devant le bâtiment, remarque sa démarche suspecte.Ce dernier somme l'individu de s'arrêter. En vain, car celui-ci continue d'avancer dans sa direction. Il décide alors d'ouvrir le feu, ce qui a enclenché la charge explosive de la ceinture que le terroriste a autour de la taille. Ce dernier sera tué sur le coup. Malheureusement, deux policiers qui se trouvaient à proximité seront légèrement blessés lors de la déflagration, qui, faut-il le souligner, a été entendue à plusieurs kilomètres à la ronde. "On aurait cru un tremblement de terre", témoignent des riverains qui habitent les quartiers Emir Abdelkader (ex-Faubourg-Lamy) ou encore La Casbah. Les victimes ont été transportées au CHU Ibn-Badis de Constantine où elless ont été immédiatement prises en charge. Au même moment, la DGSN a annoncé, dans un communiqué, qu'"une enquête a été ouverte par le parquet". Cette dernière établira s'il y a un réseau de soutien, des complices ou des personnes qui ont aidé le terroriste dans la préparation et surtout l'exécution de l'attentat. L'enquête s'avère d'autant plus urgente, qu'il pourrait s'agir, selon des sources au fait du dossier, de l'un des terroristes qui ont abattu, de sang-froid, le 27 octobre dernier, Amar Boukaâbar, un officier de la Sûreté nationale, âgé de 42 ans, à Ziadia. Rappelons les faits : trois individus, dont l'un était armé d'une kalachnikov, sont entrés dans un restaurant et ont tiré presque à bout portant sur le policier, avant de prendre la fuite. L'attentat avait été revendiqué par l'organisation terroriste Daech qui essaye, depuis 2011, de s'implanter en Algérie. En vain. En effet, une trentaine de cellules de soutien à cette organisation au moins a été démantelée et près de 200 personnes ont été arrêtées durant les 10 premiers mois de l'année 2016. Le travail des services de sécurité a permis ainsi de déjouer plusieurs projets d'attentats sur le territoire national, notamment à travers la surveillance électronique. Il s'agit également de faire avorter les tentatives de recrutement des jeunes appelés à combattre aux côtés d'Al- Nosra, d'Ansar El-Cham ou encore de Daech, en Irak et surtout en Syrie. D'ailleurs, il est un fait que le nombre d'Algériens, qui ont rejoint ces groupes terroristes, est insignifiant comparé aux Tunisiens, aux Marocains et aux Libyens. Cela étant dit et au vu des événements de ces derniers mois, à Constantine en l'occurrence, la population commence à émettre de sérieux doutes sur le bien-fondé de la stratégie mise en place par les services de sécurité, en matière de contre-terrorisme, même si en parallèle, on salue la réactivité et l'héroïsme du policier qui a fait avorter l'attaque et sans qui, il y aurait probablement eu plus de victimes ? des civils pour la plupart ?, le commissariat étant situé en dessous d'une habitation de trois étages. La tension est d'autant plus vive que l'attentat kamikaze est survenu en plein c?ur de la ville. En effet, même si la DGSN a immédiatement réagi via un communiqué rendu public, la nuit même, mettant en évidence "l'héroïsme du policier qui a tiré avec précision sur la ceinture explosive", il n'en demeure pas moins que les autorités doivent s'atteler à rassurer une population inquiète après cette attaque qui, faut-il le souligner, a révélé des failles importantes dans le dispositif de lutte antiterroriste.Lynda NACER / Ines BOUKHALFA


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