CONSTANTINE

Le ftour à la belle étoile
Sur les 12 personnes ayant fait objet d’arrestation à Bardo, lors de l’opération d’évacuation des 350 familles bénéficiaires de logements, 6 ont été placées sous mandat de dépôt. Les arrestations ont eu lieu à la suite des émeutes survenues sur le site-même des affrontements avec jets de pierres entre forces de l’ordre et émeutiers, écartés des listes des bénéficiaires. L’opération s’est déroulée dans un climat tendu. Des dizaines de familles, n’ayant pas eu la chance d’acquérir un logement vivent comme des nomades sous des tentes en ce mois sacré de Ramadhan. Même le droit à un repas correct ne leur sera pas accordé. Elles auront jeûné sous une chaleur torride, loin de l’ambiance habituelle du Ramadhan. Alors que durant la nuit, elles sont contraintes de mener la garde pour préserver leurs biens des voleurs. Pourtant ces familles dont les demeures ont été détruites, ont vécu sur ce site depuis des années. 250 recours ont été déposés, seulement 50 situations seront régularisées. Mais en attendant, c’est sous les tentes livrées à l’horreur de la nature que les familles fêteront l’Aïd. La question a été abordée, jeudi soir, lors d’une rencontre du wali avec les investisseurs. A ce propos, se sentant concerné, le premier responsable de la wilaya déclare: «Je ne céderai à aucune pression!» Sachant que la démolition des habitations du site de Bardo entre dans le cadre de la modernisation de la ville de Constantine, le wali ajoute: «Je tiens à souligner que la modernisation et le développement de la ville ne se feront pas au détriment des citoyens.» Le wali est déterminé à mener l’opération à terme, mais pouvons-nous réellement ignorer la détresse de ces dizaines de familles?A quel prix sera cette modernisation? Constantine a, certes, besoin d’un changement radical pour retrouver son dynamisme et sa place de capitale de l’Est, mais ce n’est certainement pas au détriment de la santé et de la sécurité du citoyen. Les autorités locales ignorent tout de la souffrance et de la misère de ces familles qui se sont retrouvées, du jour au lendemain, sans domicile.