Algérie

Constance


Constance
«Rappelez-vous bien mes enfants, qu'il n'existe rien de constant si ce n'est le changement.» BouddhaLa question qui m'a le plus souvent sollicité, pour ne pas dire turlupiné depuis que j'ai ouvert les yeux sur le monde étrange et compliqué de la politique, est celle qui est relative aux critères de choix d'un responsable, aussi important que peut l'être un ministre. C'est à force d'assister à d'innombrables remaniements et d'enregistrer des bilans triomphants sans que cela se répercute sur la vie quotidienne du citoyen, que l'on finit par se poser des questions sur la justesse des choix qui ont prévalu dans la désignation d'hommes à un poste aussi important que peut l'être celui de ministre. Les raisons qui font qu'un gouvernement fonctionne mieux qu'un autre seraient-elles dues aux qualités intrinsèques des hommes choisis pour mener «à bien» la politique définie par les cercles (souvent concentriques) du pouvoir, aux circonstances, à l'environnement international ou aux trois choses à la fois. Dans une société démocratique où l'analyse des bilans peut donner lieu à des critiques pointues exprimées librement par toutes les voies médiatiques ouvertes aux cinq points cardinaux (selon l'Empire du Milieu), dans les systèmes fermés où les informations sont soigneusement filtrées, où la presse, muselée par une législation archaïque, ne peut que diffuser les échos des «milieux autorisés», on ne peut prêter l'oreille qu'aux rumeurs sourdes, émanant d'une opposition rampante ou de milieux spécialisés dans les techniques de désinformation. C'est la rançon, hélas, des sociétés qui ont longtemps pratiqué l'oralité car, comme chacun le sait, l'oralité est plus à même d'échapper au pilon du censeur. Il ressort souvent que les critères qui peuvent guider au choix d'un ministre peuvent reposer avant tout sur son appartenance à une mouvance, un parti ou un lobby qui pèsent dans un rapport de force donné ou sur des critères objectifs comme la compétence (technocratie), un bilan d'une carrière florissante ou des critères subjectifs comme l'origine ethnique ou géographique, le lien de parenté, le parcours militant ou des qualités morales que la société, éprouvée par la corruption, demande le plus souvent. J'avais récemment rappelé que le défunt chef d'Etat, Houari Boumediene, avait défini, à plusieurs reprises dans ces discours fleuves où il aimait faire la leçon aux cadres réunis, que les trois principales qualités que devait posséder un cadre, étaient, la compétence, l'intégrité et l'engagement. Il aurait dû ajouter, sans se dédire, que la qualité indispensable pour un cadre, surtout un homme politique, c'était la constance. Si elle n'est pas indispensable à la marche de l'Etat, elle est par contre nécessaire à la crédibilité d'un homme. La constance dans le comportement comme dans le discours est un gage de confiance du citoyen lambda. Nous avons assisté hélas, ces dernières décennies aux étonnants retournements de veste, aux grands écarts, aux acrobaties épistémologiques auxquelles se sont livrés d'éminents responsables d'institutions qui ont participé, techniquement et politiquement à la menée du rafiot sur les eaux de la gestion économique. Il y a comme cela des spécimens à géométrie variable: tant qu'il est titulaire d'un portefeuille ministériel ou d'un important secteur économique, l'homme politique versatile propose un discours positif et optimiste, en harmonie avec les grandes orgues du gouvernement. Sitôt qu'il est mis sur la touche ou «appelé à d'autres fonctions» qui lui font quitter le devant de la scène, il change de discours, critique avec véhémence toutes les décisions prises par ses successeurs, devient un opposant farouche et se met à mordre la main qui l'a longtemps nourri. Evidemment, vous me direz que les choses ne se présentent pas de la même façon, que le point de vue change quand on change de statut, de place d'observation... C'est trop facile! Je préfère la maxime dispensée par la bienséance et la bonne éducation: on ne parle pas la bouche pleine!


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