Algérie

Consommation de drogue: «Un nombre de plus en plus élevé de morts subites»



L'inquiétant phénomène du trafic de drogue et son corollaire la violence urbaine prennent des proportions inquiétantes, alertent les professionnels de santé.«Il y a deux dangers qui guettent notre jeunesse. D'abord nos jeunes universitaires qui quittent le pays pour faire le bonheur d'autres pays, nous sommes en train de former à blanc en quelque sorte, le deuxième danger est celui de ces quantités importantes de drogues qui se déversent sur le pays pour intoxiquer notre jeunesse », a alerté, hier mardi, le Pr Djamel Eddine Nibouche, chef de service cardiologie au CHU Nafissa Hamoud (ex-Parnet) d'Alger. S'exprimant sur les ondes de la Chaîne 3 de la Radio nationale, le Pr Djamel Eddine Nibouche a qualifié l'invasion du pays par des quantités de plus en plus élevées de drogues de «phénomène extrêmement inquiétant». «Les jeunes c'est d'abord l'avenir du pays, le danger réside dans le fait que cette importante frange de la société est détruite à un âge avancé, et quand les jeunes sont détruits c'est tout le pays qui est détruit ; il s'agit là d'une préoccupation majeure », a-t-il alerté. «A travers les statistiques dont nous disposons, il y de graves complications générées par la consommation de drogues de différentes natures, comme les drogues médicamenteuses destinées à traiter des maladies comme le ‘Pregabaline' qui est une drogue dure qui est consommée de manière de plus en plus large ». Tirant la sonnette d'alarme, le Pr Nibouche a fait état de malades drogués qui décèdent de suites de complications comme les overdoses et autres intoxications liées à des surdosages de drogues toxiques ou d'association de plusieurs drogues qui débouchent sur des complications cardiovasculaires souvent mortelles, a-t-il expliqué.
«Pis encore, l'origine de certaines drogues, issues de laboratoires clandestins, n'est même pas connue », a enchaîné le chef de service cardiologie au CHU de Hussein Dey. « On voit bien que les choses sont bien orchestrées à notre plus grande inquiétude. Les drogués commencent avec des substances douces comme le cannabis pour aller progressivement vers les drogues dures, mais le plus effrayant dans tout ça, ce sont les enfants en bas âge qui sont la cible de ce trafic ; un enfant commence par fumer, ensuite il va se piquer», a encore argumenté le spécialiste de santé publique. «Nous assistons à un nombre de plus en plus élevé de morts subites essentiellement dues à la consommation de drogue à fortes doses comme la cocaïne», a révélé le Pr Nibouche. Sur la nécessité de passer à une autre étape que celle de la sensibilisation qui ne suffit plus, l'invité de la Radio a appelé à la mise en place d'un « plan national pluridisciplinaire stratégique » consistant à lutter sans merci contre le trafic de drogue, comme cela a été déclaré par le général d'armée, Saïd Changriha, dont l'institution «joue un rôle colossal dans la lutte sans répit contre ce phénomène qui cible notre pays », a-t-il déclaré. En revanche, « le rôle du mouvement associatif dans la lutte et la sensibilisation contre le trafic de drogue reste insuffisant malheureusement, cela doit commencer à l'école », a plaidé le Pr Nibouche. « L'Etat a pour devoir de prendre en charge les malades drogués, surtout pour éviter les récidives », a-t-il indiqué, ajoutant que le plus important et le plus urgent est «d'assécher les sources d'alimentation en drogues qui alimentent le pays ».
L'autre impératif sur lequel a insisté l'hôte de la Radio, est celui de rendre obligatoire pour les médecins la déclaration de mort subite due à la consommation de drogue, en dehors des cas de suicide. Pour étayer sa pensée, le Pr Nibouche a expliqué que cela allait « aider les professionnels de la santé à prendre la mesure réelle du trafic de drogue dans notre pays, surtout qu'il ne faut pas perdre de vue que beaucoup d'accidents de la route sont dus à des conducteurs drogués», a-t-il déclaré. «Nous savons que des enfants de huit ans fument en Algérie, c'est le chemin de l'enfer qui s'ouvre devant eux et les emmène vers la consommation de drogue», a révélé le cardiologue, pour qui le maître-mot reste la prévention d'abord à l'école mais aussi des parents qui doivent prendre conscience du danger qui guette leur progéniture. Le Pr Nibouche a également plaidé pour la mise en place d'un «Observatoire de vigilance» dont la mission première sera de déclarer tout cas de suspicion de consommation de drogue chez les enfants, notamment dans les écoles et les collèges », a-t-il conclu.


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