Scalpel, ciseaux et écouvillon, ils utilisent quasiment les mêmes outils que les chirurgiens, mais leur support est le papier. Eux, ce sont les conservateurs des manuscrits de la bibliothèque nationale d'Algérie, implantée à El Hamma.Dans une salle de lecture adaptée, «un coffre-fort contenant 4298 'uvres anciennes dans différents domaines, manuscrites à la main, sont jalousement gardés», informe la responsable du service de conservation, Fetouma Benyahia. Parmi ces joyaux, une magnifique copie du saint Coran datant de cinq siècles. «Il est transcrit suivant l'écriture arabe antique majestueusement cernée d'or pur. On sait qu'il a été calligraphié par le nommé Ibn Mohammed et Hamaoui et offert à un roi», révèle le chef de service de conservation des manuscrits, Rachid Ben Mokadim.
Ce dernier nous présente une série de parchemins contenant des versets coraniques encore plus ancienne. «Elle date de plus de mille ans. Transcrite avec un ''khat koufi'' traditionnel. Ce type d'écriture est un caractère arabe ancien de style anguleux. La texture de la peau sur laquelle est écrit le texte témoigne du poids des siècles que cet ouvrage a supporté», avance fièrement Rachid. Mais, comment a-t-on pu conserver ces manuscrits durant toutes ces années ' Comment sont-ils protégés ou même restaurés ' Les «conservateurs» invitent El Watan étudiant à suivre de près ces étapes.
Reprographie
«Tout conservateur de manuscrits anciens a irrémédiablement le devoir non seulement de rendre le document consultable, mais encore de les conserver pour les générations futures», explique Mme Fetouma. Selon les explications fournies, les experts de ce service doivent d'abord passer par l'étape de «reprographie». Cette étape consiste à numériser et microfilmer le manuscrit afin de garder la copie originale pour des fins de préservation. «Il s'agit de limiter la consultation pour ne pas favoriser l'altération de ces manuscrits», explique le chef de service de la reprographie, Noureddine Ben Ghachoua.
Prélèvements
Ce type de prélèvements est réalisé par frottis au moyen d'un écouvillon sec et stérile sur des taches jugées douteuses. L'échantillon pris est mis en culture afin de permettre le contrôle de la viabilité des ''pores'', ces micro-organismes dévastateurs, d'identifier les moisissures en présence et ainsi évaluer la dangerosité des contaminants. Après, il s'agit de créer par la suite un dossier de restauration une fois le prélèvement réalisé et analysé. Le scientifique doit alors numéroter, inscrire la date et la cote de l'ouvrage ainsi que la zone prélevée (plats, dos, tranche inférieure, supérieure, page n° etc.).
«Le dossier de restauration est une description générale qui contient toutes les informations sur l'état du manuscrit», développe la chef de service de restauration et de la conservation des manuscrits, Adila Halaoua. Simultanément, une analyse est réalisée pour détecter toute infestation biologique et passer à la désinfestation ou la désacidification des supports du manuscrit en prenant en compte le type de papier. L'étape suivante est le diagnostic visuel dont le but est de prélever toute dégradation présente. Un traitement chimique et microbiologique sera réalisé avant de passer à l'étape de restauration.
Restauration
C'est dans cette étape que le restaurateur, en respectant dans la mesure du possible la pièce originale, remplace les éléments défectueux du corps du manuscrit ou de la reliure, voire la reliure complète. «On préfère la restauration manuelle pour les vieux manuscrits en se servant des matériaux qui n'altèrent pas ces derniers. Dans ce cas-là, on utilise la technique du doublage en se servant du papier japonais. Cette technique est destinée aux documents présentant des déchirures et des fragilités lorsque leur manipulation n'est plus possible sans risque d'altération», précise Mme Halaoua.
Reliure
C'est la touche finale de la restauration du livre. Elle est réalisée par un autre spécialiste. La reliure a certainement un rôle décoratif, mais sa principale fonction est de protéger les pages du livre et de maintenir solidement les différentes parties cousues. Enfin, les précieux trésors transcrits et traités sont placés dans des boîtes de conservation qui ont pour objectif de prévenir les dangers et les dégradations, mais aussi de ralentir au maximum la dégradation des collections.
Papier japonais ou dit Japon
Un papier blanc, imité du papier fabriqué au Japon. Il peut être légèrement teinté en jaune, soyeux et satiné. La restauration des documents graphiques nécessite l'utilisation d'un papier à la fois très fin et résistant. Dans tous les ateliers, les restaurateurs connaissent les qualités du papier Japon, originaire de l'Extrême-Orient. Malgré son extrême légèreté, il offre cette capacité unique de résistance physico-chimique qu'aucun autre papier ne possède. C'est aussi un papier très utilisé pour les partitions de musique
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Posté Le : 02/10/2013
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Fatma Zohra Foudil
Source : www.elwatan.com