Algérie

Conséquences d'une incohérence politique



Ali Kader passe à un tout autre genre depuis la parution de ses romans, La déchirure, Les raisins amers ou encore Les femmes ne se cachent pas pour pleurer, en publiant, aux éditions Imal, un essai sur la place de l'agriculture, intitulé Agriculture algérienne, entre progrès et regrets. Cet agronome de formation, doublé d'auteur depuis de longues années, s'attelle à décortiquer la politique agricole de l'Algérie de la période postindépendance, en passant par la révolution agraire à la loi 10-30, ou encore les projets agricoles dans le Sud, auxquels il consacre un chapitre entier.D'entrée de jeu, Kader explique que ce secteur névralgique "fut utilisé, à ses dépens, à des fins politiciennes, mis sous le boisseau, mais le plus souvent exhibé en épouvantail de façade par des politiques incohérentes".
D'un côté, l'on prône "la diversification de l'économie nationale hors pétrole", dans une man?uvre politicienne purement démagogique, mais d'un autre côté, constate l'auteur, les gouvernements qui se sont succédé "n'ont pas pu mettre l'agriculture au diapason des besoins en constante hausse de la population algérienne". Aucun des dirigeants n'a réussi à établir un plan d'"autosuffisance alimentaire", formule si souvent martelée dans les discours, par ignorance ou dans une démarche "populiste", comme le souligne l'auteur.
Par ailleurs, pour qu'un pays puisse devenir autosuffisant alimentairement, quatre critères doivent être pris en considération : l'accès, la disponibilité, la qualité et la stabilité (prix, pouvoir d'achat, etc.). Ceci est étayé à plus forte raison par le recours à l'importation de produits agricoles, "tant que les recettes pétrolières sont abondantes". Mais cette dépendance aux hydrocarbures reste très instable, et, au moindre "choc pétrolier", c'est le retour aux pénuries, à l'inflation et à l'érosion du pouvoir d'achat.
Les gouvernants ne peuvent alors plus "s'offrir la paix civile grâce aux importations", et c'est le retour perpétuel à des crises cycliques sur le front social et économique. Kader semble reprocher leur insouciance à certains dirigeants en période d'abondance, "qui tombent dans le piège de la facilité procurée par la rente immédiate (...) pour gouverner et asseoir facilement un pouvoir «démocratique» factice", au lieu d'entreprendre des "réformes structurelles sérieuses pour hisser l'économie à un niveau appréciable".
Ce livre n'a pas pour but, par ailleurs, poursuit son auteur, de "s'opposer à tout (...) son seul objectif est (...) d'essayer de comprendre en premier ce qui a marché peu ou prou. Pour ensuite mettre en lumière les failles (...) proposer des solutions".


Yasmine Azzouz


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