Algérie

Consensus ?



Mahmoud Abbas, le tout nouveau Président palestinien, en a reçu plein les oreilles. Au seuil de l?ouverture du sommet quadripartite de Charm El Cheikh, la communauté internationale à l?unisson, particulièrement les Etats-Unis « impressionnés », n?en finit pas de lancer des louanges appuyées à cet « homme exceptionnel » comme pour diaboliser davantage post mortem l?image d?un Yasser Arafat accusé de son vivant de tous les malheurs survenant sur la scène moyen-orientale. Mahmoud Abbas est certes, pour le commun des Palestiniens, un patriote au long cours qui a su militer dans la discrétion exigée de l?entourage de Yasser Arafat. Mais il n?en est pas moins un redoutable négociateur (rappelons-nous le processus d?Oslo) qui a fait ses preuves par le passé, doté d?une personnalité remarquable de fin politique. L?homme est aujourd?hui dans une position jugée inconfortable par les observateurs. Il se retrouve au milieu du gué avec, d?une part, un Ariel Sharon dont on connaît les allures guerrières et qui sait que la Pax Israeli repose dans l?esprit de la majorité des Israéliens sur la politique du tout ou rien. Et, d?autre part, des tendances palestiniennes qui ne souffriront aucune faiblesse de la part du nouveau raïs et qui n?hésiteront pas à se défendre si elles viennent à être provoquées. Voilà donc Abou Mazen paradoxalement courtisé par les uns pour être plus flexible que son prédécesseur (« Vous ne m?avez laissé que la feuille de vigne », a dit Yasser Arafat aux Israéliens et aux Américains qui le pressaient sur davantage de concessions) et regardé d?un ?il curieux par les formations palestiniennes engagées dans la lutte armée et auxquelles il a arraché un consensus fragile. Mais chacun sait que Mahmoud Abbas n?est pas dupe du stratagème américano-israélien. Il s?agit en fait pour ces deux inconditionnels larrons de faire passer, aujourd?hui et en premier lieu, le sacro-saint concept de la sécurité d?Israël par une irréversibilité des colonies israéliennes et une acceptation du mur de séparation. Et c?est précisément dans cette perspective que l?on pense que le sommet de Charm El Cheikh a été décidé dans la précipitation spécialement pour empêcher de s?en tenir aux détails de surface et éluder tout débat de profondeur. Comme pour amortir le choc d?un sommet qui n?aboutira à rien d?autre qu?à un statu quo dommageable pour la Cisjordanie et la bande de Ghaza, George Bush a vite fait d?inviter, pour la première fois depuis son entrée en fonction à la Maison-Blanche, un dirigeant palestinien. Nul doute que selon les convenances américano-israéliennes, il en sortira ou cloué au pilori ou porté au pinacle selon qu?il remettra durablement sur la table l?application de la feuille de route ou avalisera alternativement le recours des Palestiniens à répondre à la violence de l?occupant par la violence des groupes armés.


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