Les travaux de la 35ème session du Conseil des ministres arabes de l'Intérieur (CMAI), ont débuté mercredi au Centre International de conférences, Abdelatif Rahal à Alger, pour l'examen de plusieurs questions, dont le projet d'un plan sécuritaire et médiatique pour la sensibilisation et la prévention de la criminalité.Le Premier ministre, Ahmed Ouyahia a procédé à l'ouverture des travaux de cette session qui durera deux jours.
Organisée sous l'égide du Président Bouteflika, cette réunion sera une opportunité pour examiner "les recommandations issues des conférences et réunions tenues en 2017 dans le cadre du secrétariat général et les conclusions des réunions mixtes tenues avec les instances arabes et internationales durant l'année 2017, le projet d'un neuvième plan sécuritaire arabe, le projet d'un septième plan médiatique arabe pour la sensibilisation et la prévention contre la criminalité et bien d'autres thèmes importants, entre autres, le rapport du secrétaire général du CMAI sur le bilan des activités du secrétariat général dans l'intermède des 34e et 35e sessions". Les travaux de la réunion connaitront, outre la participation du secrétaire général du CMAI, Mohamed Ben Ali Kouman et des ministres arabes de l'Intérieur, la présence de délégations sécuritaires de haut niveau, de représentants de la Ligue arabe et de l'Union du Maghreb arabe (UMA), de l'Organisation internationale de police criminelle (Interpol), du Bureau des Nations unies pour la lutte contre le terrorisme, du Projet de lutte contre le terrorisme dans la région MENA, de l'Université arabe Nayef des sciences de sécurité et de l'Union sportive arabe de la police.
Eradication du terrorisme
Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a souligné, dans un message mercredi à cette occasion, que le premier pas pour éradiquer le terrorisme consiste à "infirmer ses références intellectuelles" et à le "priver de son environnement social et ses réseaux d'information et de communication".
"Nul doute que le premier pas pour éradiquer le terrorisme consiste à infirmer ses références intellectuelles et à le priver de son environnement social et ses réseaux d'information et de communication à travers un effort intensif sur le plan éducatif, culturel, d'information et d'orientation religieuse de sorte à neutraliser l'extrémisme et sauver notre jeunesse de sa mystification fatale", a précisé le Président Bouteflika dans son message, lu en son nom par le ministre de l'Intérieur, des Collectivités locales et de l'Aménagement du territoire, Noureddine Bedoui. Il a relevé que la lutte contre le terrorisme "n'est ni liée à un agenda, ni confinée dans une aire géographique, c'est une problématique qui demeure posée tant que les citoyens et leurs biens sont menacés et tant que ces groupes égarés persistent à menacer la stabilité des institutions de l'Etat ou tenter d'imposer des référents religieux ou idéologiques étrangers à nos peuples".
Le chef de l'Etat a relevé, dans le même cadre, que "dans certains pays arabes, les organisations terroristes ont reçu des coups cuisants au cours de l'année écoulée. Plusieurs d'entre elles ont été neutralisées, celles-là mêmes qui ont failli tout ravager après s'être accaparé de larges zones de ces pays, hypothéquant l'avenir de leurs citoyens ligotés par la violence sauvage et l'extrémisme à outrance et soumis à toutes les formes d'injustice, d'exactions et de mépris de la vie humaine".
"Aujourd'hui, nous observons la déconfiture de ces groupes terroristes et leur disparition dans certaines parties de la région arabe, les territoires qui étaient sous leur contrôle ont, ainsi, recouvré leur stabilité et leur sécurité. Toutefois, la menace des éléments résiduels de ces groupes n'a pas complètement disparu, ni leur danger d'ailleurs", a fait observer le président de la République.
A ce propos, il a souligné qu'"au contraire, cette menace et ce danger ont pris de nouvelles formes dès lors que certains d'entre eux ont réussi à s'exfiltrer vers d'autres foyers de tension dans les pays arabes et intégrer des groupes criminels activant souvent sous des appellations jusque-là inconnues". "C'est ce que l'on appelle la fragmentation des groupes terroristes qui se multiplient une fois qu'ils s'assurent un environnement d'accueil", a affirmé le chef de l'Etat.
"Face à cette situation, nous sommes appelés à œuvrer, ensemble, à adopter des résolutions fermes pour sécuriser les lignes frontalières, et à prendre des mesures sécuritaires préventives et proactives de nature à favoriser l'alerte précoce, l'échange intensif d'informations et la protection des frontières", a insisté le chef de l'Etat dans son message.
Cybercriminalité
Par ailleurs, M. Bouteflika, a mis en garde, contre les formes de connexions entre le terrorisme et les formes de criminalité transnationale à travers les technologiques modernes, notamment les sites web et les réseaux sociaux.
"La situation s'est compliquée avec les différentes connexions survenues entre le terrorisme et les formes de criminalité transnationale, phénomène qui a gagné en étendue et en dangerosité par le recours massif aux moyens technologiques modernes pour commettre des crimes abjects, propager ses idées extrémistes et erronées, mystifier notre jeunesse et attirer de nouvelles recrues dans les zones de conflit et de tension", a relevé le président dans son message.
Il a indiqué, à ce propos, que "cet espace virtuel constitue un défi sécuritaire pour nos pays arabes, d'autant plus qu'il représente un refuge pour les organisations terroristes et tous les réseaux criminels, parce qu'invisible, notamment celles qui pratiquent la traite des personnes, le trafic d'organes et des migrants illégaux, le trafic de drogue, le trafic d'armes et d'explosifs, la falsification d'identité et de documents, outre son rôle dans l'enrôlement de nouveaux combattants et l'établissement de liens entre les différents réseaux de combattants, ainsi que la mise en place de sources de financement qui échapperaient au contrôle institué pour tarir les sources de financement classiques".
Le chef de l'Etat a fait observer, dans ce contexte, que "les mouvements terroristes et criminels s'évertuent sans cesse à utiliser toute sorte de technologie intelligente pour atteindre leurs objectifs et diffuser leurs idées perverses et subversives dans un style évolué adapté à l'air du temps".
"Outre les cellules classiques, qui demeurent la référence fondamentale des groupes terroristes quelles que soient leurs dénominations, de nouvelles cellules cybernétiques ont fait leur apparition sur les sites web et les réseaux sociaux pour inciter au terrorisme, recruter, collecter des fonds, pirater des sites web et lancer des cyber-attaques contre des institutions gouvernementales ou privées dans l'intention de leur porter préjudice", a-t-il souligné.
"La propagation de plus en plus large des technologies de l'information et de la communication continue d'imposer des défis énormes, c'est ce qui a imposé la lutte contre la cybercriminalité comme priorité pour l'Algérie qui a adopté de nouveaux instruments juridiques, techniques et opérationnels pour remplacer les précédents qui ne prévoyaient pas la nouvelle donne sécuritaire", a expliqué le président de la République.
Il a rappelé, à cet égard, que "l'Algérie a été l'un des premiers Etats à ratifier la Convention arabe pour la lutte contre la cybercriminalité, elle s'attèle, actuellement, à renforcer le cadre juridique y afférent, à la définition des modalités de contrôle du web et à la lutte contre les types de crimes électroniques". Cette action, a-t-il précisé, nécessite une grande maîtrise de cette technologie en perpétuelle évolution, une exploitation efficace de l'information électronique et un suivi minutieux de ces réseaux et de leurs animateurs".
Le chef de l'Etat a indiqué, en outre, que "des structures et dispositifs ont été mis en place pour lutter contre les crimes électroniques, notamment l'organe national de prévention et de lutte contre les crimes liés aux technologies de l'information et de la communication, ainsi que des centres opérationnels au niveau des différents services de sécurité".
Migration clandestine
Le président de la République, a mis l'accent sur la nécessité d'"intensifier" les efforts arabes face au phénomène de la migration clandestine, à travers notamment une approche commune basée sur le "strict respect" de la loi et des droits de l'homme.
"Pour cela, nous devons intensifier nos efforts communs pour traiter cette problématique (migration clandestine) dans le cadre d'une approche commune, basée sur le strict respect de la loi et des droits de l'homme et sur l'effort de sauvegarde permanente de la paix et de la sécurité dans nos pays", a affirmé le Président dans son message.
Evoquant les multiples défis auxquels sont confrontés les pays arabes, le chef de l'Etat a relevé qu'à l'évocation de tous ces défis, "l'on ne peut occulter un autre phénomène non moins dangereux et menaçant la stabilité de notre région arabe, il s'agit de la migration clandestine qui commence à prendre des dimensions inquiétantes, notamment au cours des dernières années".
Il a fait observer, à cette occasion, que "de nombreux pays arabes sont devenus la destination de vagues incessantes de migrants étrangers poussés par les conditions sécuritaires prévalant dans leurs pays à émigrer vers nos pays soit pour s'y installer temporairement soit pour transiter vers d'autres destinations".
"S'il est clairement établi que ce phénomène est lié à une situation humanitaire particulière qu'il est de notre devoir de considérer et, par conséquent, prendre en charge ces migrants, il est indiscutable que nous ne pouvons fermer les yeux sur l'activité des réseaux criminels qui exploitent la vulnérabilité de ces migrants, dans des actions visant la sécurité et la stabilité de nos pays", a insisté le Président Bouteflika.
Il a mis en évidence, à cet effet, le fait que l'Algérie, "de par ses principes humanitaires, la culture d'hospitalité innée chez notre peuple et par devoir de protection envers les victimes des conflits et des troubles, a très tôt accueilli les réfugiés venus de différentes régions et permis aux ressortissants des pays secoués par les conflits d'accéder à son territoire et de s'y établir".
"L'Algérie a veillé à trouver des solutions pratiques et adéquates pour prendre en charge le phénomène de migration et des migrants, selon une vision globale qui prend en considération les exigences en matière de sécurité, de développement et de respect de la dignité humaine, tout en focalisant sur la dimension humaine des migrants et des réfugiés, véritables victimes des crises qui les ont conduits à emprunter cette voie", a ajoute le chef de l'Etat.
Renforcer les efforts
L'Algérie affirme son souci de renforcer les efforts consentis en matière de lutte contre toutes les menaces visant le monde arabe, grâce à son expérience avérée dans la lutte contre le terrorisme et l'extrémisme.
L'Algérie mise sur la réussite de cette rencontre marquée par la participation des ministres de l'Intérieur et des Premiers ministres de 20 pays arabes, ce qui traduit le poids de l'Algérie au niveau arabe et sa capacité à "attirer" ce nombre important de ministres, a précisé le secrétaire général du CMAI, Mohamed Ben Ali Kouman, qui a salué "l'intérêt" accordé par l'Algérie, sous l'égide du président de la République Abdelaziz Bouteflika, à l'action arabe commune, notamment dans le domaine sécuritaire au vu de la conjoncture actuelle que traverse le monde arabe.
Affirmant cet intérêt porté par l'Algérie, le secrétaire général du ministère de l'Intérieur, des Collectivités locales et de l'Aménagement du territoire, Salah Eddine Dahmoun, a rappelé lors de l'ouverture des travaux de la réunion préparatoire que "l'Algérie a toujours été la première à prendre part aux sessions du CMAI, depuis sa création en 1982".
L'Algérie "veille à la consolidation des efforts du CMAI en matière de lutte contre toutes formes de menaces visant le monde arabe, et œuvre à réaliser une plus grande coopération et coordination sécuritaire interarabe", a indiqué M. Kouman, soulignant que "la participation des représentants de tous les pays arabes, illustre l'intérêt que porte l'Algérie à cette échéance importante".
L'expérience algérienne en matière de lutte contre le terrorisme a été particulièrement saluée par les experts arabes lors des réunions préparatoires à la session.
Par ailleurs, les responsables de la délégation tunisienne ont mis en avant l'importance d'adopter une nouvelle stratégie de lutte antiterroriste fondée sur "la sécurité intellectuelle", en menant "une lutte au niveau de la pensée et de la religion, la surveillance des candidats potentiels souhaitant rejoindre les organismes terroristes et l'élaboration d'une base de données relative à ces organismes pour l'échange de renseignements".
L'importance de la réunion d'Alger se manifeste à travers les questions importantes inscrites à l'ordre du jour, d'autant plus que les participants aborderont un "projet d'un sixième plan transitoire de la stratégie arabe de sécurité routière et un projet de plan transitoire pour la mise en œuvre de la stratégie arabe relative à la sécurité intellectuelle".
Organisés sous l'égide du président de la République, Abdelaziz Bouteflika, les travaux de la réunion se dérouleront en présence des ministres arabes de l'Intérieur, des délégations sécuritaires de haut niveau, des représentants de la Ligue arabe et de l'Union du Maghreb arabe (UMA), de l'Organisation internationale de police criminelle (Interpol), du Bureau des Nations unies pour la lutte contre le terrorisme, du Projet de lutte contre le terrorisme dans la région MENA, de l'Université arabe Nayef des sciences de sécurité et de l'Union sportive arabe de la police.
La décision du président Bouteflika concernant la tenue des travaux de cette session à Alger, s'inscrit en droite ligne de la réaffirmation du rôle pionnier de l'Algérie dans le soutien de la coordination et de la coopération interarabes, notamment en ce qui concerne les questions relatives à la sécurité et à la lutte contre le terrorisme et le crime organisé, conclut le communiqué.
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Posté Le : 08/03/2018
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Saïd B
Source : www.lemaghrebdz.com