La colère qui monte des villes du Sahara Occidental occupé ne semble pas « inquiéter » le Conseil de sécurité qui a oublié déjà la promesse qu'il a faite au Front Polisario en 1991 : organisation du référendum contre un cessez-le-feu. Prise en otage par la France, l'instance suprême des Nations unies s'est prononcée, après trois heures de discussions, « vigoureusement » contre l'envoi d'une mission internationale pour enquêter sur l'assaut donné le 8 novembre dernier par les forces marocaines contre les 30.000 Sahraouis du camp de Gdeim Izik et les manifestants d'El Ayoune. Le Front Polisario, qui menace de revoir sa position sur le processus de paix si l'Onu ne parvient pas à assumer ses responsabilités et à résoudre ce conflit vieux de 35 ans, regrette le veto de Paris. A l'origine de ce « niet » honteux, l'enregistrement à New York de deux versions sur le massacre d'El Ayoune. Une, le Front Polisario qui accuse les forces marocaines d'avoir fait des centaines de morts, 4500 blessés et 2000 disparus. Deux, Rabat qui a imposé un huis clos, affirme que la « pacifique » intervention de ses forces a provoqué la mort de 12 personnes seulement, dont 10 policiers. Les « Quinze » déplorent, selon le Britannique Sir Mark Grant Lyall qui a assure la présidence tournante du Conseil, « la violence qui a eu lieu lors des événements de la semaine passée dans les camps sahraouis » et demandent aux deux parties « de rester engagées dans le processus des négociations sous l'égide de l'ONU » et « de faire preuve de davantage de volonté politique pour trouver une solution ». Les deux rapports, l'un présenté par Christopher Ross, l'envoyé personnel du Secrétaire général des Nations unies pour le Sahara occidental, sur les dernières étapes du processus des négociations entre le Front Polisario et le Maroc, et, l'autre par le Département des opérations de maintien de la paix de l'ONU, semblent avoir été pour la forme. Même si, à la différence du diplomate américain qui a usé de « propos » pour plaire à tout le monde, le directeur du Département des opérations de maintien de la paix n'a pas été par le dos de la cuillère. Il a expliqué aux « Quinze », preuves à l'appui, comment la Mission des Nations unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara Occidental (Minurso) a été empêchée par le Maroc de s'enquérir et de connaître les détails sur l'assaut lancé par les Marocains contre les Sahraouis. Selon Ahmed Boukhari, le représentant du Front Polisario à l'ONU, cette « intervention » qui aurait pu justifier la proposition d'envoyer une mission d'enquête sur place a rencontré sur son chemin, la France. « C'est le seul membre du Conseil de sécurité à s'opposer à l'envoi de cette mission d'enquête », dit-il. « La France a peur de la vérité. Sinon comment justifier autrement son attitude », s'interroge-t-il après avoir assimilé les résultats de la réunion du Conseil de sécurité au « verre à moitié plein et à moitié vide » et réitéré la détermination du Polisario à « continuer à demander, sans relâche » l'envoi d'une mission d'enquête et l'introduction d'un mécanisme au sein de la Minurso pour suivre la question des droits de l'homme ». Un élargissement qui reçoit des appels grandissants des syndicats, partis politiques, ONG et intellectuels qui attendent du Conseil de sécurité une « rectification » de ses échecs passés en introduisant la mission de surveillance des droits de l'homme au sein de la Minurso, tel recommandé par le Haut commissariat aux droits de l'homme de l'Onu en 2006 et les ONG de défense des droits de l'Homme qui font remarquer que la Minurso est la seule mission de maintien de la paix actuelle de l'ONU dépourvue d'une composante sur les droits de l'homme !« Le statu quo n'est plus une option », prévient Ahmed Boukhari, convaincu, comme le reste des dirigeants sahraouis, que le massacre du 8 novembre qui ressemble à celui du 8 mai 1945 pourrait maquer « le dernier quart d'heure » de la colonisation marocaine.
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Posté Le : 17/11/2010
Posté par : sofiane
Ecrit par : Djamel Boukrine.
Source : www.horizons.com